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3.86/5 (sur 398 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Montreuil , le 14/10/1964
Biographie :

Christophe Guilluy est géographe-consultant (cabinet Maps).

Chercheur auprès de collectivités locales et d’organismes publics, il est également le coauteur, avec Christophe Noyé, d’un ouvrage de référence, L’Atlas des nouvelles fractures sociales en France (Autrement, 2004).
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Il est diplômé de géographie urbaine de l'université de Paris I - Sorbonne. Il travaille depuis la fin des années 1990 à l'élaboration d'une nouvelle géographie sociale. Ses travaux en géographie sociale abordent les problématiques politiques, sociales et culturelles de la France contemporaine par le prisme du territoire.
Il s'intéresse à l'émergence d'une « France périphérique » qui s'étend des marges périurbaines les plus fragiles des grandes villes jusqu'aux espaces ruraux en passant par les petites villes et villes moyennes. Il souligne que désormais 60 % de la population – et les trois quart des nouvelles classes populaires – vit dans cette « France périphérique », à l'écart des villes mondialisées. Avec le sociologue Serge Guérin, il a mis en avant les « retraités populaires » pour signifier que la majorité des ménages de retraités est formée d'anciens ouvriers,
employés ou petits commerçants habitant dans le périurbain et dans des conditions modestes voire précaires.

BIBLIOGRAPHIE
 Comment une politique de rénovation peut aboutir à une déstructuration physique, sociale et sociologique d'un espace ? de l'ilôt XI à la ZAC des Amandiers : l'exemple de Ménilmontant,
Mémoire de maîtrise de géographie urbaine sous la direction de Paris I, 1987
 Atlas des fractures françaises, Éditions L'Harmattan, 15septembre 2000
 Atlas des nouvelles fractures sociales en France, Paris, Éditions Autrement, 2004, réédité le 9mars 2006
 Fractures françaises8
, Bourin Éditeur, 21 octobre 2010 repris en Champs Essais, Flammarion,en octobre 2013
 L'annuel des idées 2009, Bourin Éditeur, 19 février 2009
 Plaidoyer pour une gauche populaire : La gauche face à ses électeurs, Éditions Le Bord de
l'eau, 24 novembre 2011
 « Les métropoles et la France périphérique. Une nouvelle géographie sociale et politique »,
Le Débat 2011/4 (no166) Gallimard, 2011
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Source : .bourin-editeur.fr
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F. Taddeï interviewe le géographe sur son dernier livre écrit sous le double patronage d'Orwell et London.

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Citations et extraits (138) Voir plus Ajouter une citation
Depuis vingt ans, médias et politiques confondent la question des tensions culturelles et celle de l'intégration économique et sociale.
Ce sont en effet les territoires de la France périphérique qui cumulent fragilités sociales et économiques et où se répartit désormais, du fait des logiques économiques et foncières, la majorité des nouvelles classes populaires. Des catégories hier opposées (jeunes, actifs et retraités issus de catégories modestes, ouvriers, employés, petits paysans, petits indépendants) forment désormais un continuum socioculturel et partagent, non une conscience de classe, mais une même perception des effets négatifs de la mondialisation.

Chapitre I : Les classes populaires à l'heure de la mondialisation.
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« L'arrivée de réfugiés est une opportunité économique. Et tant pis si la mesure n'est pas populaire. » Cette déclaration d'Emmanuel Macron (Le Figaro, 7 septembre 2015) résume parfaitement la fracture culturelle entre les classes dominantes supérieures et les classes populaires. Réticentes à l'arrivée d'une nouvelle vague migratoire, les catégories modestes ont été moralement condamnées. Il a peu été révélé que cette opposition était très forte en banlieue, notamment dans les milieux populaires issus de l'immigration. La raison en est assez simple : les habitants des quartiers de logements sociaux savent que " l'accueil réel ", la cohabitation à 1000 euros par mois et dans le temps long, se réalisera dans les immeubles et écoles de leur quartier, pas dans les quartiers bourgeois ou bobos des villes-centres. Le partage de la richesse n'existe pas, c'est le partage de la pauvreté qui existe.
Mais de tout cela Emmanuel Macron ne parle pas. Sa déclaration s'inscrit dans une rhétorique connue, celle du patronat. Si la division internationale du travail permet de réduire les coûts salariaux en remplaçant l'ouvrier européen par l'ouvrier chinois ou indien, l'immigration permet d'exercer un dumping social efficace pour les industries et les services qui ne sont pas délocalisables. Les besoins sont d'autant plus importants que les classes populaires traditionnelles ne vivent plus dans les grandes agglomérations. Le marché de l'emploi peu ou pas qualifié des grandes métropoles est ainsi très largement occupé par cette main-d'œuvre, notamment dans le BTP, la restauration et les services. L'immigration permet de répondre aux besoins du marché de l'emploi peu ou pas qualifié des métropoles, mais aussi de contrôler la masse salariale d'une main-d'œuvre bon marché peu syndiquée. Bref, un système d'exploitation " classique " de l'immigration qui repose sur la permanence des flux. D'ailleurs, si le Medef prône la poursuite d'une immigration élevée, c'est d'abord pour exercer une concurrence permanente, non pas entre " autochtone " et " immigré , mais entre immigrés, afin d'empêcher toute augmentation de la masse salariale.

1. LES NOUVELLES CITADELLES : Qui garde les enfants de Fatoumata ?
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Au son de la fanfare républicaine, le France a adopté toutes les normes économiques et sociales de la mondialisation. D' « alternance unique* » en déni de démocratie (la farce référendaire de 2005), la France est devenue une société « américaine » comme les autres, inégalitaire et multiculturelle. En quelques décennies, l'ordre mondialisé de la loi du marché s'est imposé. D'un modèle égalitaire, nous avons basculé en très peu de temps dans une société socialement inégalitaire et sous tensions identitaires. Ce basculement, désastreux pour les classes populaires, a provoqué un chaos social et culturel sans précédent. Un chaos couvert par le son de la fanfare républicaine qui joue de plus en plus fort, mais aussi de plus en plus faux.
(* L'expression est de Jean-Claude Michéa, L'Empire du moindre mal. Essai sur la civilisation libérale, Climats, 2007.)

Préface.
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Un simple coup d'œil sur la grille des revenus ou sur le patrimoine des ménages permet de casser rapidement le mythe des 99 %. Car, s'il existe bien des perdants et des gagnants, ces derniers ne sont pas que les « ultra-riches » mais bien toutes les catégories supérieures.

L’analyse des revenus mensuels pour l’équivalent d'une personne après impôts et prestations sociales (ce qu’on appelle le niveau de vie) permet de voir où se situe le 1 %. En 2018, le 1 % des plus riches dispose de 6 651 euros par mois, les 5 % les plus riches de 4 090 euros et les 10 % les plus riches de 3 261 euros. Le seuil de richesse (le double du revenu médian) se situe à 3 542 euros. Cela signifie donc que la moitié de la population française dispose de moins de 1 771 euros par mois. Si l'on observe une autre échelle, celle des salaires, les 20 % les mieux rémunérés gagnent plus de 3 000 euros par mois. Quand les classes supérieures dénoncent le 1 %, elles se pointent du doigt.

Autrement dit, les torquemadas du 1 % qui saturent l'espace médiatique sont statistiquement des « riches ». En réalité, et sans confondre ces classes supérieures avec les milliardaires de la Silicon Valley, il y a bien un groupe social qui bénéficie du modèle (20-25 % de la population) et un bloc majoritaire fragilisé, identifié depuis un demi-siècle par la plupart des indicateurs sociaux.
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Parfois, à l'occasion d'une élection, d'une visite ministérielle, d'une mobilisation, le récit s'interrompt et fait place à l’inattendu. De la brume médiatique surgit la vie ordinaire. Un imprévu, un échange spontané, une simple altercation, et le narratif se brise.

Bruno Le Maire en fit l'expérience le 23 février 2018. Ce jour-là, sur le site de l'usine PSA de Mulhouse, le ministre de l’économie était venu « pour garantir aux Français qu'on va garder une industrie automobile et que le site restera ouvert ».

Demi-vérité ou demi-mensonge, cette petite phrase exaspéra les ouvriers et notamment un syndicaliste qui, devant les caméras, n’hésitera pas à interpeller le ministre : « Monsieur, on était 14 000, on ne sera bientôt plus que 5 000 dans l'usine ! Que deviennent les familles ? »

Sonné par cette question somme toute évidente (et légitime), Bruno Le Maire regarde dans le vague, on le sent mal à l'aise. Après quelques secondes d'hésitation, l'acteur se reprend, botte en touche et enchaîne sur le discours technocratique sans contenu dans lequel il excelle.

Mais c'est trop tard ; la journée est fichue. L'image n’est pas bonne.

Pire, il vient d'illustrer par l'absurde le décalage entre récit politique et réel.
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En réduisant les existences au simple mot de «territoire », la brume technocratique et académique peut évoquer Ie « social » à sa manière, en enfilant des gants blancs, en parlant par exemple de « quartier populaire ». Aseptisé, déshumanisé, technocratisé, Ie «populaire» devient Ie «quartier populaire ».

II est assez croustillant d'entendre des élus se présenter comme les représentants de ces « quartiers populaires » et ainsi emprunter Ie langage typique de la technocratie bourgeoise.

Notons à ce titre que les habitants de ces « quartiers » sont complètement hermétiques et indifférents à ce discours techno-politique : preuve en est leur niveau d’abstention aux urnes. Aux élections législatives de 2022, la NUPES, qui, quoi qu'en dise son acronyme, attire moins de «populaires» que de cadres, professions intermédiaires et diplômés, a réussi Ie grand chelem dans les « quartiers populaires » de Seine-Saint-Denis mais dans l’indifférence de ses habitants. Dans certaines circonscriptions du département, l’abstention a parfois dépassé les 75 % ; certains heureux députés ont été élus avec moins de 10 % des inscrits, ce qui ne les empêche pas de mettre en avant Ie label « quartiers populaires ».
(...)
Les gens se détournent, les conversations d'en haut n'intéressent plus, les soirées électorales font tellement peu d’audience qu'elles sont désormais écourtées, voire remplacées par de vrais divertissements.
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1. La majorité des cadres votent NUPES (28 %), la majorité des ouvriers se portent sur Ie RN (45 %), Ie macronisme attirant une majorité de retraites (35 %). Source Ipsos.
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Qui peut croire encore à l'existence d'une mondialisation heureuse, à la solidité de l'État providence et des services publics, à l'excellence de nos systèmes de santé et d'éducation, à la promesse de protéger l'environnement et de fortifier le vivre ensemble ?

Y croire sincèrement ? Personne.
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Désormais, toutes les crises se gèrent à coups de milliards. La « grande » politique se résume à une seule chose : faire tourner la planche à billets, distribuer l’argent et accroître l'endettement.
Cette fuite en avant matérialiste trouve son apogée dans un projet promu depuis des années par les élites libérales de Davos, de la Silicon Valley et de la gauche bourgeoise (l’expression devient un pléonasme) : le revenu universel. Une nouvelle fois, l’incompréhension est totale entre, d'un côté, des gens ordinaires qui luttent pour retrouver leur place et leur dignité, et, de l’autre, des classes dirigeantes qui résument ce combat à une ligne budgétaire.

Les classes populaires ne demandent pas la charité, mais un travail correctement rémunéré et encadré par le droit qui leur offre une sécurité. Faut-il le rappeler, l'existence sociale est garantie par l'accès à une fonction (sociale), pas à des prestations (sociales).
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En trente ans, près de la moitié des bureaux de poste, près de 40 % des maternités, 30 % des gares ferroviaires, 30 % des perceptions, 25 % des écoles, 50 % des antennes de la Banque de France et des juridictions judiciaires ont fermé.
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Contrai­re­ment à ce que pense la bour­geoi­sie (celle d’aujourd’hui comme celle d’hier), on peut naître, vivre et mou­rir en milieu popu­laire. On peut y “faire sa vie“, se culti­ver, pro­gres­ser ou stag­ner et y être heu­reux.
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