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EAN : 9782072940163
112 pages
Gallimard (08/04/2021)
3/5   9 notes
Résumé :
La métropolisation est une tendance lourde de nos sociétés. Né aux Etats-Unis, ce phénomène de concentration de la production de richesses dans de très grandes agglomérations a gagné la France au cours des dernières décennies et l'a profondément transformée. Pierre Vermeren retrace les étapes de cette nouvelle organisation du territoire autour de ses principaux pôles urbains. Mais l'objet de son livre est surtout d'alerter sur les retombées négatives de cette évolut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En retraçant les différentes étapes de la mutation des territoires français depuis la seconde moitié du XXe siècle, ce court essai permet d'aborder la problématique de la métropolisation. Ce phénomène de concentration des richesses, des classes aisées et des activités tertiaires au coeur des très grandes agglomérations a gagné la France au cours des dernières décennies et l'a profondément transformée. On compte une douzaine de métropoles en France qui, avec leurs banlieues, abritent un peu plus d'un quart de la population française mais produisent plus de la moitié de la richesse nationale.
L'objet du livre de Pierre Vermeren est surtout d'alerter sur les conséquences négatives de cette évolution qui a entraîné l'éviction des classes populaires des métropoles : ségrégation sociale, crise des transports, dégâts écologiques causés par le béton-roi, envolée des prix de l'immobilier, artificialisation des sols, délinquance et insécurité sont quelques-uns des maux qu'on peut imputer en partie à ce phénomène. Mais le pire est sans doute le fossé qui se creuse entre les habitants de ce que le géographe Christophe Guilluy appelle « la France périphérique », qui se battent pour un emploi décent et voient les services publics s'éloigner, et ceux des agglomérations qui réclament des arbres pour sauver la planète et améliorer leur cadre de vie. La révolte des banlieues de 2005 ou, plus récemment, le mouvement de protestation des gilets jaunes illustrent avec fracas ce que cette polarisation de la société peut entraîner comme ressentiments et mal-être dans les territoires relégués. L'auteur plaide en conséquence pour une vision plus équilibrée de l'aménagement du territoire.
La lecture de cet essai sera utile à qui voudrait comprendre la révolte des gilets jaunes, la victoire des listes écologiques aux élections municipales dans plusieurs grandes métropoles et quelques autres phénomènes sociétaux moins visibles. Si l'ouvrage peut amener à réfléchir, on regrettera que l'auteur se soit contenté de recenser les effets négatifs de la métropolisation sans chercher à proposer de solution. On aurait également aimé que certains points soient plus détaillés mais le format réduit de ce livre ne s'y prêtait manifestement pas. Ces deux reproches ne sont toutefois pas les principaux qu'on est en droit d'adresser à ce livre.
« L'effet le plus saillant de la métropolisation du territoire français est d'avoir créé deux France séparées, l'une de l'autre, par leurs intérêts économiques et par leurs configurations sociales. Trente à trente-cinq millions de citoyens relégués dans la France périphérique ont pour l'essentiel été sortis du système de la production nationale de richesses » écrit l'auteur en conclusion. Déjà, ce constat mérite d'être nuancé. Si on ne peut nier que certains territoires, comme le quart Nord-Est et le pourtour méditerranéen notamment, souffrent de fragilités particulièrement prononcées, d'autres régions comme la Bretagne ou les Pays de la Loire par exemple, s'en sortent beaucoup mieux. En réalité, et contrairement à ce que laisse entendre le refrain médiatique et politique dominant, les inégalités entre territoires sont faibles dans l'Hexagone, grâce à des mécanismes de redistribution efficaces. de plus, non seulement les fractures ne se creusent pas, mais, mieux, elles se résorbent. C'est difficile à croire mais ce que montrent plusieurs études récentes, dont celle de l'économiste Laurent Davezies (L'Etat a toujours soutenu ses territoires, Seuil, 2021).
Tout porte à croire que le mouvement inverse à la métropolisation est peut-être déjà amorcé. Ainsi, le choc de la crise sanitaire actuelle s'est réparti de façon très hétérogène sur les territoires, en ne recoupant que partiellement les inégalités préexistantes. La baisse d'activité a été particulièrement forte en Île-de-France. Seules huit des trente zones d'emploi les plus affectées par le choc dû au covid-19 figurent dans les trente plus fragiles d'avant crise. Par ailleurs, en affectant les mobilités résidentielles des Français, la crise actuelle semble avoir provoqué l'amorce d'un nouvel « exode urbain ». Il semble ainsi que cette crise remette en cause les conclusions de l'auteur, ce qui donne vaguement l'impression qu'il nage à contre-courant. Son essai reste intéressant mais vient après bien d'autres ouvrages qui ont fait le même constat à l'époque où celui-ci était encore pertinent.
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Reçu dans le cadre d'une Masse critique - merci au passage à Babelio et aux Editions Gallimard, j'attendais beaucoup de la lecture de cette impasse de la métropolisation.
A la fois en tant que citoyen, et comme enseignant d'histoire-géographie, où cette thématique est présente dans les programmes dès le collège.
Lecture au final décevante.
Certes, le constat est là, il est à mon sens parfaitement dressé par l'auteur, qui prend d'ailleurs le temps de remonter aux sources du phénomène, en présentant l'histoire de cette métropolisation, venue des Etats-Unis, comment cette vision de l'organisation de l'espace d'un territoire s'est peu à peu imposée en France, etc. Je ne vais pas refaire tout le développement proposé par Pierre Vermeren, les premiers chapitres sont à ce titre très éclairants. Les impasses sont elles aussi clairement énoncées, encore que j'ai eu le sentiment parfois, surtout dans la seconde partie de l'ouvrage, que le propos était moins étayé, ou plus exactement moins neutre, plus politique. Sans que cela soit clairement énoncé comme étant l'objectif de l'ouvrage. A titre d'exemple, Howard Zinn, dans son "Histoire populaire des Etats-Unis", annonce clairement dès l'introduction quelle est sa perspective. Ce n'est pas le cas ici. Surtout, comme l'a souligné un autre babelionaute dans sa critique du même ouvrage, à aucun moment - ou alors en de très rares occasions - l'auteur ne propose ou n'évoque de pistes, pour essayer de contourner ces impasses, pour résoudre les déséquilibres posés par ce phénomène de métropolisation. En d'autres termes, on retrouve bien le "bilan sans complaisance" évoqué en quatrième de couverture, mais rien sur "une vision plus équilibrée de l'aménagement du territoire". Mais sans doute n'était-ce pas là l'objectif de l'auteur, qui reste à mon sens dans l'observation voir la dénonciation, même si force est de reconnaître la justesse de la plupart des constats qu'il dresse.
Enfin, un point m'a profondément dérangé, s'agissant d'un ouvrage rédigé par un historien : l'absence totale de bibliographie, et des sources qui manquent quelque peu de variété me semble-t-il, et qu'on ne trouve évoquées que dans les notes de bas de page.
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La métropolisation est la concentration des richesses, des classes aisées et des activités tertiaires au coeur de très grandes agglomérations. On compte une douzaine de métropoles en France qui, avec leurs banlieues abritent un peu plus d'un quart de la population française (sur 5% du territoire), mais produisent plus de la moitié de la richesse nationale. Ces métropoles comptent les deux tiers des cadres français, un peu plus des deux tiers des immigrés. Ces deux populations travaillent majoritairement dans le tertiaire, le cadre comme informaticien, banquier, avocat par exemple et l'immigré dans les services à la personne et les services sous-qualifiés aux entreprises. Mais ils n'habitent pas au même endroit. le CSP+ logera dans la ville-centre ou sa banlieue huppée, l'immigré dans les cités des banlieues plus pauvres.


Hors de ces métropoles, c'est la France périphérique que Christophe Guilluy a décrit avec brio dans son essai éponyme, cette France périphérique déclassée, zone de relégation et exclue de la mondialisation. Depuis quelques dizaines d'années, cette métropolisation a ainsi créé une double fracture dans la société française: ville-centre contre cités de banlieue, et métropole contre France périphérique. Cette double fracture est devenue source de tensions, les épisodes de la révolte des banlieues en 2005 et des gilets jaunes en 2018 - 2019 en sont une illustration.


Mais le modèle de la métropolisation est à bout de souffle et commence à craquer, et le vote écologique dans la plupart des métropoles aux élections municipales de 2020 en est une des conséquences. Entassement des habitants, envolée des prix de l'immobilier, crise des transports, pollution, artificialisation des sols, ségrégation sociale, précarisation des emplois peu qualifiés de service, délinquance et insécurité sont les maux les plus visibles de cette métropolisation. Mais le pire est sans doute l'abîme qui se creuse entre les habitants de la France périphérique qui se battent pour un emploi décent (et votent à droite) et les bobos des agglomérations qui réclament des arbres pour sauver la planète et améliorer leur cadre de vie (et votent à gauche)!


Un essai qui fait réfléchir. Mais si l'auteur recense bien les effets négatifs de la métropolisation, il ne propose pas - hélas - de solutions. Il laisse juste entrevoir une lueur d'espoir en remarquant qu'à l'occasion de la crise du Covid, des CSP+ de la métropole parisienne ont commencé à imaginer leur vie ailleurs et en particulier dans des villes moyennes. Mais nul ne sait si la fin de la pandémie ne verra pas la fin du télétravail et ne réduira pas à néant le désir de certains de quitter l'Ile de France.
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Merci à Babelio et à Gallimard pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération "masse critique"
"la métropolisation est une modalité du capitalisme néolibéral, présentée en idéal politique et de civilisation"; cette citation tirée de l' introduction, annonce clairement l'esprit du livre. Pierre Vermeren détaille les décisions qui ont permis aux privilégiés (on dit les élites maintenant!), de chasser les ouvriers des centres villes et de les reléguer dans des banlieues de plus en plus étendues. Et pour avoir la main mise et le contrôle sur l'ensemble on a créé les métropoles.
Cette tendance s'est beaucoup accentuée suite à mai 68. Aujourd'hui on y accueille plus volontiers les touristes et les étudiants: ces gens là ne votent pas sur place, tout comme les immigrés logés dans les communes périphériques; ceux ci assurant les services aux personnes, l'entretien des locaux et des espaces.Une fois tout mis en place, les cadres supérieurs devenus majoritaires font appel aux écolos (élections municipales de 2020), pour maintenir et améliorer leur confort de vie bobo.
Le mérite du livre est de bien faire apparaitre comment toutes ces décisions d'aménagement sont prises dans un entre-soi politico-financier faisant en outre le bonheur des grands professionnels du bâtiment, sans que les habitants-usagers soient concertés. (La 5G, Linky, etc perpétuent actuellement cette modalité de fonctionnement dans notre démocratie soi disant représentative).
L'impasse de la métropolisation est donc une impasse démocratique, y compris dans le fonctionnement des conseils municipaux à la botte des barons en place dans ces grandes métropoles. Cette métropolisation participe ainsi grandement dans la mise en place d'une France coupée en deux.
Contrairement à certains je n'attendais pas de proposition miracle de la part d'un historien, d'autant plus que l'on sait bien que l'abandon du système économique actuel basé les profits à outrance semble être la seule solution.
Je conseille ce petit livre (128 pages), aux jeunes intéressés par le sujet de l'aménagement des territoires mais aussi aux curieux , pour la clarté de ses arguments et sa facilité d'accès.



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critiques presse (1)
NonFiction
12 juillet 2021
Trois points de vue divergents sur les conséquences de la concentration des activités économiques et résidentielles dans les grandes villes. Un débat vif au cœur de la cohésion territoriale française.
Lire la critique sur le site : NonFiction

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