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Critique de Musa_aka_Cthulie


Je suis loin d'avoir lu les quelques quatre-vingts oeuvres qui composent les Voyages extraordinaires, aussi ne me permettrai-je pas d'asséner un coup définitif aux Tribulations d'un Chinois en Chine en clamant que c'est sans conteste le plus mauvais Jules Verne. Mais, bon, force m'est d'avouer qu'à coup sûr, je n'avais jamais connu l'auteur aussi peu inspiré.

Le titre nous fait miroiter une aventure toute en péripéties, courses effrénées et rebondissements multiples... Malheureusement, on est plutôt noyé sous un déluge de petites leçons de géographie : les Chinois vivent comme ci, ils mangent ça, ceux qui sont ennuyeux s'accrochent à tout prix aux traditions, ceux qui sont intéressants vivent à l'occidentale (on croirait entendre un discours d'Emmanuel Macron sur la gauche rétrograde et la gauche progressiste), la ville de Shang-Haï est comme ceci, la ville de Peking est comme cela... Et ça dure, ça dure, ça dure... D'ailleurs on sent là-dessous l'accumulation de documentation mais, à mon avis, peu de réel intérêt pour la Chine de la part de l'auteur. J'aurais encore préféré que Jules s'en tienne à un contexte plus fantaisiste et fantasmé, mais au moins plus attrayant. Il me semble qu'on sent ici les limites du projet de Hetzel, l'éditeur, qui souhaitait éduquer intelligemment la jeunesse avec ses livres. Certes, ce roman était une occasion pour les jeunes lecteurs du XIXème d'apprendre deux ou trois chose sur la Chine, mais l'aspect distrayant est tellement absent que la pédagogie tombe à plat.

Les personnages n'ont pas beaucoup plus d'intérêt que les discours à visée géographique et, pire que tout, la situation dans laquelle se retrouve le héros - qui, après avoir souhaité mourir puis changé d'avis, doit fuir la personne qu'il a payée pour l'assassiner - n'accroche pas un instant l'attention : c'est terrible, mais à aucun moment on se prend à trembler pour Kin-Fo. Bien au contraire, on serait soulagé de le voir succomber pour pouvoir refermer enfin le roman, pourtant bien court (200 pages environ). On s'ennuie donc ferme, puisqu'en fait de tribulations, on suit bien plutôt les déambulations molles et vaines des personnages principaux, tout en baillant plus que de raison. D'autant que l'oeuvre est emprunte d'un racisme social un peu étonnant (quoique pas si étonnant, quand on y réfléchit) sous la plume de l'auteur du Tour du monde en quatre-vingts jours : les domestiques y sont décrits comme des imbéciles finis ; on est bien loin de Passepartout ! Enfin, ce n'est que dans les trente ou quarante dernières pages qu'il se passe enfin quelque chose, que l'histoire accroche enfin son lecteur. On a même droit à un peu de démonstration scientifique... Mais c'est bien trop tard !

Un roman dont on peut donc tout à fait se passer, qui manque malheureusement à la fois de rythme et d'imagination.
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