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Critique de paulmaugendre


Avant de publier en 1863 chez Hetzel, et après quelques corrections exigées par l'éditeur, Cinq semaines en ballon, Jules Verne avait déjà écrit quelques récits édités dans la revue le musée des familles. Mais il avait également rédigé des nouvelles qui, pour des raisons expliquées dans la présentation de chaque texte, restèrent confinées dans un tiroir.

Ces quatre nouvelles et les deux textes suivant qui étaient des projets de romans inachevés sont donc réunis ici pour la première fois et proposés au grand public. Une première édition, à tirage limité, le fut dans le troisième volet des Manuscrits nantais en 1991 et comprenait en outre Un prêtre en 1839 et L'Oncle Robinson qui ont réédité dans des volumes indépendant toujours au Cherche-midi éditeur.

Mais on reconnait la patte de l'auteur, avec cette générosité qui l'animait, ce souci de précision dont étaient imprégnés ses romans, précisions géographiques et sociales, et avec toutefois une certaine désinvolture dans le traitement, afin peut-être de ne pas trop noircir le propos.

Dans Pierre-Jean, Jules Verne met en scène un Marseillais, qui a fait fortune sans rien devoir à qui que ce soit. L'homme désire visiter le bagne de TOulon, et il qui s'enquiert auprès du directeur d'un des forçats qui y est enfermé. Seul le matricule permet de retrouver celui qui y végète après une seconde condamnation et qui se rend utile en travaux de construction ou de rénovation sur un navire. Il demande à le voir et à lui parler en particulier, sollicitation qui lui est accordée sans aucun problème car l'intégrité de ce bourgeois n'est pas à mettre en doute. S'il désire converser avec le numéro 2224, alias Pierre-Jean, cela constitue le fond de l'intrigue, mais Jules Verne en profite pour, sinon dénoncer, décrire les conditions de vie des bagnards.

Le mariage de M. Anselme des Tilleuls est nettement plus léger, dans le style et dans le développement de cette histoire qui conte les efforts d'un professeur de langue latine essayant de trouver une épouse à son protégé, Anthelme des Tilleuls, le dernier représentant de cette famille anoblie par Louis le Bègue. Seulement le marquis des Tilleuls, âgé de vingt-sept ans n'est pas franchement agréable à regarder, et toutes celles que Naso Paraclet, ce professeur dévoué, lui présente ne sont guère loties par la nature non plus. de toute façon il cumule les échecs.

Ecrite probablement en 1855, alors que Jules Verne est du même âge que son héros célibataire forcé, et donc que le mariage pour lui est une préoccupation, un autre centre d'intérêt est mis en avant. Les locutions latines y font florès et les explications grammaticales ainsi que les déclinaisons prennent une place importante dans le récit. Seulement ce qui était bon jusqu'au milieu du siècle dernier ne possède plus la même saveur de nos jours, alors que le latin est de moins en moins enseigné.

Le siège de Rome se situe en 1848, alors que les Romains se révoltent contre la domination papale, une émeute qui préfigure une révolution. Des troupes françaises sont dépêchées sur place, mais l'organisation laisse à désirer et l'investigation de la ville est repoussée. Une trêve est conclue. Parmi les émeutiers, Andreani Corsetti, un ancien secrétaire du Pape Pie IX qui n'était plus en odeur de sainteté. Il se met d'office à la tête des insurgés. Parmi les soldats français, le capitaine d'état-major Henri Formont et ses amis le lieutenant de génie Annibal de Vergennes et la sapeur Jean Taupin. Formont veut assouvir une revanche, tuer Andreani, le ravisseur de son épouse. Drame de la vengeance dans un décor d'insurrection italienne, au coeur de la mêlée, et une armée française mal organisée.

San Carlos est un contrebandier espagnol qui passe la frontière pyrénéenne avec quelques compagnons, chargés de prensados, paquets de tabac pressé. Jacopo, l'un de ses indicateurs, l'informe que la douane française, menée par le brigadier François Dubois, est à sa recherche. Jacopo est accompagné d'un paysan des montagnes qui demande à San Carlos de lui vendre un millier cigares afin de les écouler près de Tarbes. L'homme les suit et bientôt il s'avère qu'il s'agit du brigadier Dubois qui rameute ses troupes au lac de Gaube. San Carlos et ses hommes embarquent à bord d'un canot et lorsque les douaniers pensent pouvoir les arraisonner, plus d'embarcation. San Carlos a tout simplement plongé dans les eaux du lac avec son canot transformé en sous-marin. L'on reconnait là les prémices du Nautilus mais surtout l'esprit imaginatif de Jules Verne même s'il ne donne guère de précision sur cette barque améliorée.



Les deux textes suivants sont les trois premiers chapitres d'un roman jamais terminé, Jédédias Jamet, mettant en scène un propriétaire tourangeau estimé de tous par son tempérament calme, posé, n'ayant rien à se reprocher puisque ne possédant aucun défaut, et qui va quitter sa bonne ville de Tours et sa famille, sa femme Perpétue et ses deux enfants à la conquête d'un héritage qui devrait le mener à Rotterdam puis aux Amérique. Les trois premiers chapitres sont consacrés à sa présentation, le reste du récit qui, au vu des premières pages, promet d'être burlesque, résidant en quelques notes.

Voyage d'études, texte inachevé lui aussi sera repris en partie par Michel Verne, le fils de Jules, dans le roman L'étonnante aventure de la mission Barsac. Toujours à la pointe de l'innovation, Jules Verne avait imaginé que les autochtones parlaient l'Espéranto, langue nouvelle construite par Ludwik Zamenhof, à partir d'une langue véhiculaire provenant d'environ cent-vingt pays.

Ces nouvelles et textes présentent de nombreuses facettes de l'écrivain, facettes qui seront par la suite plus ou moins exploitées sous la houlette de l'éditeur Jules Hetzel qui désirait publier des ouvrages pédagogiques et dont l'aspect scientifique primait. Mais l'on se rend compte que déjà Jules Verne excellait dans les descriptions géographiques et historiques ainsi que dans celles psychologiques et physiques des personnages, peut-être trop parfois au détriment de l'intrigue.



Sommaire :

Pierre-Jean.

Le mariage de M. Anthelme des Tilleuls.

Le siège de Rome.

San Carlos.

Jédédias Jamet.

Voyage d'études.
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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