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Critique de SeriallectriceSV


Un récit magnifique, attachant et si troublant, une belle écriture épurée et poétique.
Cette histoire prend aux tripes, elle est empreinte d'amour et de bienveillance, et provoque tant d'émotions.
Mathis, 37 ans, dit "La Houpette" dérange par son langage qui lui est propre, par ses actions et réactions qui apparaissent peu normales aux yeux des personnes "sages" qui le côtoient, ou qu'ils rencontrent au hasard de ses sorties. Mathis s'évertue d'ailleurs à cacher son altérité, il tente de faire illusions au moins un temps, de paraître "normal" à leurs yeux. Cela va bien fonctionner avec Inge et Anna, deux jeunes filles qu'il rencontre sur la lac et qui se comportent de façon exceptionnellement bienveillante à son égard. Ils vont partager de joyeux moments ensemble et cela va avoir un effet salvateur pour Mathis.

«- Il s'en est fallu d'un cheveu, dit la voie indignée. Vous auriez pu être aplati comme une crêpe, à marcher comme un balourd. [...]Il comprenait que l'homme aurait dit la même chose à qui que ce fût, c'était la peur qui l'avait fait crier. L'homme était un touriste, il ne savait pas à qui il parlait. Mattis se dit et redit cela, sentant au même instant combien il était protégé des milliers d'hommes qui ne savaient pas la moindre chose de lui. C'était comme un brouillard amical entre eux et lui. C'était bon de penser : il y une infinité de gens qui ne savaient pas le moins du monde qu'il était un ahuri.»

Mathis est un innocent qui s'émerveille des petites choses de la vie, qui voit des signes dans chacune de ces petites choses, comme le passage d'une bécasse au-dessus de sa maison, ou encore les traces laissées par les oiseaux dans la forêt et qu'il perçoit comme un langage et communique tout bonnement avec eux en leur écrivant à son tour des signes sur le sol. Il ne comprend pas sa soeur, Hege, qui s'occupe de lui et subvient à leurs besoins en tricotant d'arrache-pied, une soeur courage, qui s'exaspère pourtant de certains comportements de son frère. Elle ne rentre pas dans ses jeux, ne cherche pas à les comprendre, et Mathis en est presque choqué. Pour lui, c'est comme si elle passait à côté des choses de la vie, aussi simples soient elles. Il donne un sens à chaque bruit de la nature, chaque comportement de la faune, nature et faune communiquent avec lui ... et les autres «ne peuvent pas comprendre». Il a pleinement conscience de faire partie d'une autre sphère. Et l'on s'y attache à ce personnage, un petit poème à lui tout seul.

«Dans le fossé boueux, il y avait des empreintes légères de pattes d'oiseau, et puis quantité de petits picotis ronds et profonds dans la terre marécageuse. C'était la bécasse qui était passée par là. Les trous profonds avaient été faits par le bec de l'oiseau à la recherche de quelque chose de mangeable, et parfois c'étaient seulement de petits picotis : c'était son écriture.Mattis se pencha et lut. Regarda les légères empreintes dansantes. L'oiseau est si léger, si beau, pensa-t-il. Mon oiseau marche si légèrement dans le marécage quand il est fatigué du ciel.
Tu es toi, voilà ce qui était écrit.
C'était vraiment une salutation.»

Une rencontre va précipiter la vie calme et paisible de Mathis au côté de sa soeur vers un drame ... inévitable.
Un magnifique récit sur la différence, sur les aspérités que la norme engendre et qui nous pousse à la réflexion.
Lien : http://www.babelio.com/livre..
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