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Critique de Ambages


« Je conteste, dit Jacquemort, qu'une chose aussi inutile que la souffrance puisse donner des droits quels qu'ils soient, à qui que ce soit, sur quoi que ce soit. »

Un livre magistral. Une écriture qui ébouriffe. Impossible de l'oublier.

La poésie, l'absurdité, la violence des sentiments déversés dans le ruisseau rouge de ce charmant petit village où les habitants « ont leur conscience pour eux » en font un roman d'une force incroyable. Rouge comme le sang, comme le feu du maréchal-ferrant, rouge comme la honte.

Des constats qui font peur : « On ne reste pas parce qu'on aime certaines personnes ; on s'en va parce qu'on en déteste d'autres. Il n'y a que le moche qui vous fasse agir. On est lâches. ».

Une vision effrayante de l'amour maternel. Tout commence par le sexe, tel que décrit par Vian est loin de l'image romantique. Puis la naissance, violente. « La douleur la violait ». le lien entre la sexualité et l'enfant source de douleur, non désiré à cet instant précis par la mère me semble inscrit dans cette phrase. D'autant que Clémentine est enceinte de trumeaux, (« des trumeaux ? des jumeaux et un isolé. ») Doit-on se venger de ceux -l'homme, la femme elle-même et l'enfant- à l'origine de cette douleur ? Se donner bonne conscience en s'avilissant pour l'amour d'un être ? « Réparation ne se résout pas en pardon » écrira Vian. Apprendre à un enfant à s'envoler, ne pas le maintenir dans une cage sous le prétexte fallacieux de vouloir son bonheur. Lutter contre ses peurs, être honnête avec soi-même. Peut-être un début de réponse... Point d'amour sans liberté. Clémentine a besoin d'un médecin toutefois seul un psychiatre sera présent au moment de l'accouchement. Je ne suis pas certaine qu'elle soit entre les mains du plus compétent, Jacquemort.

Je me suis régalée de cet humour particulier de Vian « Jacquemort remonta, cogitant. Donc il était. Mais que lui » et de ses fantaisies quand il ose un ''voir ci-dessus'' décidant que le ''nous'' ne convient pas et qu'il faut un ''je'' dans un paragraphe : « je trouve... (voir ci-dessus). »

Boris Vian peut tout dire avec ses mots. Voilà un livre qui ne laisse pas indemne. Je me suis sentie bousculée en le lisant car il touche au fond de l'âme, à nos peurs. Vous avez raison les enfants, « Les questions des grandes personnes, c'est réellement insensé. » et il est utile de nous le rappeler pour que les réponses qu'on vous apporte le soient moins.

- T'as fait tes devoirs ?
- T'inquiète maman, je gère
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