AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Takalirsa


Avec ce roman qui retrace son enfance jusqu'aux débuts de sa vie d'écrivaine, on comprend comment Aurore Dupin, fille d'un aristocrate et d'une femme du peuple, "impertinente, frondeuse et rebelle" depuis son plus jeune âge, est devenue la célèbre George Sand qui "ouvre la voie à toutes les femmes" pour une vie libre et indépendante.

Aurore grandit dans la propriété de Nohant aux côtés de sa mère Sophie, de sa grand-mère paternelle -une vieille comtesse méprisante-, d'Hippolyte, le grand frère que son père Maurice a eu avec une servante du château, d'Ursule, la nièce de la femme de chambre, et de son précepteur Deschartres. Son petit frère Louis est mort tout bébé, tout comme son père victime d'un accident de cheval.
Une "rivalité aiguë" existe entre sa mère et Bonne-Maman qui ont des points de vue divergents concernant l'éducation de la fillette, la comtesse voulant "apprendre à sa petite-fille la tenue que son rang exige". Toute la jeunesse d'Aurore sera tiraillée entre les deux femmes, sa mère l'abandonnant à la garde de sa grand-mère mais l'accueillant régulièrement à Paris.

Très tôt, Aurore fait preuve d'une imagination créative et d'un talent certain pour l'écriture. D'un esprit rebelle, elle n'hésite pas à tenir tête à ceux qui cherchent à lui imposer sa conduite. Il lui est insupportable qu'on décide à sa place ("Je veux être libre de choisir ma vie"). A 16 ans, elle s'habille "comme un homme" pour mieux cavaler dans cette nature qu'elle aime tant ("comme une vraie paysanne"), ce qui provoque les protestations de sa grand-mère outrée et les commérages des villageois. Mais Aurore est aussi sujette à "une mélancolie chevillée au corps" et a même "un attrait pour le suicide" (sûrement héréditaire) qui la plonge dans de profonds désarrois.

Son mariage avec le baron Casimir Dudevent à 18 ans marque une étape dans sa vie. A cette époque, les femmes, prisonnières du Code civil napoléonien, ont peu de droits. Alors Aurore fait signer "une vraie déclaration d'indépendance" à son mari: un contrat garantissant qu'elle sera "une compagne libre", car leur relation n'a rien du grand amour. Elle partagera son temps entre Nohant, en famille, et Paris, pour sa profession d'écrivaine. La jeune femme prouve ainsi qu'elle "a un temps d'avance sur les moeurs de son siècle".

Vivre de sa plume pour une femme est également avant-gardiste: quand elle propose ses premiers romans, Aurore se trouve confrontée au sexisme dans le monde de l'édition, alors qu'elle avait sa place dans les "fameuses soirées musicales et littéraires à Nohant". Qu'à cela ne tienne, elle adopte la redingote en 1831 ("Je ne veux plus des ridicules crinolines, de ces petits souliers en tissu au talon trop fin! Tout cela oblige les femmes à rester à la maison et les rend esclave de leur condition"), et coécrit des articles et nouvelles avec son amant Jules Sandeau sous le pseudonyme de J. Sand, puis seule sous le nom de George Sand.

On quitte là cette "femme nouvelle" dont les années à venir s'annoncent riches. Les premières l'ont déjà été, comme le prouve ce récit très complet bien qu'un peu décousu par moments. Il donne une vision précise et fidèle de cette figure du féminisme pendant la première partie de sa vie, et j'aurais apprécié une bibliographie pour découvrir la suite.
Lien : https://www.takalirsa.fr/geo..
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}