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Critique de amuri59


Eté 1987, dans cette terre de futurs présidents de l'Hexagone, quatre adolescents unis depuis l'enfance, forment un groupe indestructible. Pourtant ils savent qu'à la rentrée prochaine, ils seront séparés par le lycée alors chaque journée se vit à fond : la pêche, les jeux, les discussions interminables et surtout les balades en dehors du village pour tenter d'apprivoiser cette nature qui s'offre à eux. Lors de l'une de celles-ci, ils découvrent un endroit paradisiaque seulement peuplé par un indien.
En région parisienne, deux petites frappes veulent passer à la vitesse supérieure et s'en prennent violemment à des convoyeurs de fonds, s'en suit une cavale en forme de road trip meurtrier.
Lumière et ombre se partagent ces deux récits mais ce serait vraiment trop simple de s'arrêter à ce seul constat…

87, j'avais à peu près l'âge des adolescents et c'est un régal de lire ce roman ponctué de références de cette époque : voitures, musiques, fringues, bouffes, livres, bref la totale et sans avoir regardé l'année de naissance de l'auteur, on ressent bien le vécu de l'écrivain. Un gros plus pour les gens de ma génération mais cela ne veut évidemment pas dire que les autres en sont exclus. Un véritable instantané de cette partie du XXème siècle. Plus citadin pour ma part que les quatre corréziens qui profitent véritablement de la campagne environnante pour se créer un cocon en dehors du temps, un écrin de verdure où veille l'Indien, un personnage à part, exilé en ce lieu, arrivé sur le tare dans cette commune où des ragots circulent sur lui, un taiseux malmené par la vie mais qui connaît les recettes d'un bonheur simple et sait vous faire chavirer. Un mec comme on a envie de croiser au moins une fois dans sa vie, de ceux qui vous ouvrent l'horizon sans esbroufe, il en a vu beaucoup mais il a su rester humble dans son coin aux allures de jardin d'Eden.

Cette nature, omni présente et décrite de manière magistrale par l'auteur, son chez lui qu'il doit arpenter de longs en larges. Chose rare, j'ai plusieurs fois posé le bouquin pour respirer cette campagne, me remémorant mes escapades trop courtes de traileur accroché à son Nord trop urbanisé. On en prend plein les yeux à la manière d'un Pete Fromm ou d'un Gabriel Tallent. Sébastien Vidal aime ces endroits c'est indubitable.

Jusqu'ici ce livre a des airs de feel good rural me direz-vous. Sauf que même au jardin d'Eden, il existe des pommes pourries dixit Eve. Nos ados ont au moins un point commun avec les deux malfrats : la violence, engendrée par la famille pour certains, créée par l'environnement pour d'autres, de celle qu'on tait car trop lourde et honteuse à exprimer. Alors on veut la fuir et rejeter un avenir déterminé, cette part d'ombre, insensible à toute lumière, qui vous ronge collé à votre bitume parisien ou qui défie l'innocence juvénile.
Malgré la découverte des premiers émois, l'insouciance se pare souvent d'un voile et il faut le recul d'un narrateur plus vieux d'une trentaine d'années pour évoquer la situation.

Monsieur Vidal, je vous ai maudit pendant 300 pages en me disant ce n'est pas possible, il ne va pas décrire une fin aussi prévisible, mettre tant d'intensité dans les descriptions, tant d'empathie envers cette jeunesse que la majorité d'entre nous a vécu, tant de poil à gratter avec ces voyous en rébellion envers cette société qui les a laissés sur le côté. Dans vos remerciements, vous exprimez d'ailleurs vos incertitudes et votre labeur pour arriver comme par « magie » à cette conclusion qui est tout sauf prévisible. Vous m'avez « chopé » et j'adore ça. Rien que pour cela et votre écriture, un grand merci.

Cerise sur le gâteau et sans en dire plus, je pense que vous vous êtes mis dans la peau d'un écrivain français, auteur de roman policier, disparu bien trop vite, au travers de Christophe, narrateur et un des quatre adolescents. Ecrivain qui est une référence pour moi

En conclusion, je souhaite remercier Virginie qui m'a permis cette magnifique découverte, Guini, tu as vu juste ;-) et vous dire que cet ouvrage fait partie de ceux qui me marquent durablement autant par le récit que par l'humain qu'il véhicule sous la houlette de son auteur, sensible jusqu'au point final.
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