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Critique de de


« Quatre millions d'hommes et de femmes manifestant dans les rues de France contre la politique néolibérale : impossible ? C'est pourtant ce qui , toutes proportions gardées, s'est produit durant l 'été 2011 en Israël. Et cette vague surfait, à en croire les sondage, sur l'écrasante majorité de la population. du jamais vu depuis 1948. »

Dominique Vidal et Michel Warschawski soulignent « Certes, les ”indignés” de là-bas ne portaient pas de banderoles affichant leur solidarité avec le combat des palestiniens pour leur autodétermination ».

Quoiqu'il en soit, « Ce soulèvement social sans précédent n'en a pas moins commencé à établir un lien, encore ténu, entre la politique intérieure du gouvernement Netanyahou, contre laquelle il se dressait, et sa politique extérieure. »

Les vingt portraits de ce livre permettent d'entrevoir d'autres facettes de la société israélienne, qui ne saurait se réduire à un bloc homogène sans contradiction. L'élargissement des fissures sociales, conséquences des politiques néolibérales, « En moins de dix ans, ils démantelèrent le système de sécurité sociale, d'assurance maladie, d'allocations familiales, de retraites et privatisèrent les services publics, réduits au minimum », combinées aux budgets de guerre et de colonisation, pourraient ouvrir un espace de radicalisation démocratique.

« Dès les premières manifestations, on a entendu des slogans, repris massivement par les participants, tels que ”le logement n'est pas une marchandise, l'éducation n'est pas une marchandise, la santé n'est pas une marchandise – ce sont des droits” ». Quant au mot d'ordre « Nous sommes le peuple ! », lorsqu'il s'accompagne de « Villes et banlieues, pratiquants et non pratiquants, Ashkénazes et Sépharades, Juifs et Arabes », c'est un début de remise en cause, certes encore très timide, d'une conception ethnique de l'État et une ouverture vers « une conception citoyenne de l'identité israélienne ».

Si ce mouvement se développait, les questions des colonies, de l'occupation des terres et plus largement des droits des palestien-ne-s, se poseraient alors dans un autre contexte que celui de unanimité nationale (sioniste) contre « les ennemis extérieurs ».

Je souligne la franchise et la dureté de certains propos émis. Par exemple Hillel, le pacifiste à la kippa : « Israël présente aujourd'hui des traits fascistes évidents : le militarisme, l'ethnocentrisme, le remplacement des valeurs démocratiques par les valeurs nationalistes, l'osmose du pouvoir et de l'argent, les récentes attaques contre les libertés et les droits de l'homme – tout cela signale un grave glissement vers un régime autoritaire ».

20 portraits :
Daphnee Leef, porte-parole du ” Mouvement des tentes “,
Koby Snitz, militant des Anarchistes contre le mur,
Yehuda Shaul, fondateur de l'ONG, Breaking the silence (Briser le silence),
Hanine Zoabi, députée du parti Balad,
Hillel Ben Sasson, porte-parole du Mouvement Solidarité Sheikh Jarrah,
Raanan Alexandrowicz, cinéaste,
Henriette Dayan et Yvonne Deutsch, militantes féministes,
Hassan Jabareen, directeur général du Centre légal pour les droits de la minorité arabe en Israël,
Léa Tsemel, avocate,
Shlomo Swirski, sociologue,
Zeev Sternhell, historien,
Ilan Greilsammer, politologue, militant de la Paix maintenant
Aida Tuma, rédactrice en chef du quotidien arabe Al-Ittihad,
Dov Hanin, député du Parti communiste israélien,
Avraham Burg, ancien président de la Knesset, voir son livre Vaincre Hitler, Pour un judaïsme plus humaniste et universaliste (Fayard, Paris 2008)
Gadi Algazi, historien et animateur du mouvement Tarabut-Hithabrut
Nurit Peled, professeure de littérature comparée et militante pacifiste,
Daniel Boyarin, professeur de culture talmudique à Berkeley,
Idith Zertal, historienne, voir son livre La nation et la mort. La Shoah dans le discours et la politique d'Israël (Editions La Découverte, réédition en format de poche, Paris 2004)
David, lycéen, 15 ans.

Je termine par deux citations l'une d'Idith Zertal, « Tant que nous ne parviendrons pas à connaître le drame de la Nakba, à le reconnaître, à le comprendre, à l'enseigner, bref à le partager, sans pour autant nier l'énormité et l'unicité de la catastrophe juive, cette terre déchirée ne connaîtra pas la rédemption. Et nous ne ne trouverons pas de solution entre égaux à notre tragédie commune, autrement dit la paix » ; l'autre d'Edward Saïd, cité par cette auteure : « Reconnaître l'histoire de l'Holocauste et la folie du génocide contre le peuple juif nous rend crédibles pour ce qui est de notre propre histoire ; cela nous permet de demander aux Israéliens et aux juifs d'établir un lien entre l'Holocauste et les injustices sionistes imposées aux Palestiniens ».
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