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Citations sur Être forêts (11)

La forêt revient, assurément. Mais la forêt ne revient pas comme un fantôme, elle revient comme une force désirante, pleine d'elle-même. Ce qui s'élabore là, dans une zone libérée ou une émeute, n'est pas un "chaos", ce fantasme occidental légitimant son seul ordre. La forêt est une d'une texture toute particulière, à la fois tellurique, enracinée, mais aussi extrêmement mobile, imprévisible, comme si elle s'agrandissait de ses centres irréductibles, tout autant que de ses lignes débordantes. On pourrait dire qu'il y a de la forêt partout où ça résiste, partout où ça s'insurge contre le ravage que constitue cette civilisation.
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Au-delà de la financiarisation de la nature, dont toutes les bonnes âmes de nos pays condamnent les abus, ce qui contamine la planète depuis plus de trois cents ans, c'est bien cette maladie tout occidentale qui consiste à réduire le monde à des lignes de compte.
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Tout projet de développement tend à transformer une région en vue d'atteindre un certain degré de lisibilité et de contrôle du territoire
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Nous tachons d'être forêt. Comme une force qui grandit, tige par tige, racine par racine, feuille par feuille. Jusqu'aux cimes débordante entre ciel et terre, devenir ingouvernables.
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La forêt n'est pas un gisement de biomasse, une zone d'aménagement différé, une réserve de biosphère, un puits de carbone, la forêt c'est un peuple qui s'insurge, une défense qui s'organise, ce sont des imaginaires qui s'intensifient.
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En partant de là où on vit, de là où on lutte, notre pari est radicalement inverse. Tout n’est pas calculable, tout n’est pas économie. Il y a de toute part des êtres et des choses qui résistent à cette mise en équivalence intégrale. Des forces vives qui n’en peuvent plus de cette dévastation des existences. Tentant de déserter la machinerie sociale et ses circuits, elles créent de nouveaux espaces à la hauteur de leurs désirs, à même la Terre. Repartir de là, de cette gravité, éminemment politique. Cela ne veut bien sûr pas dire cesser de se rencontrer, ou de voyager, mais dessiner d’autres lignes, des lignes de vie, des lignes de lutte, se croisant, proliférant. Ce qui se passe ici résonne déjà ailleurs, plus loin.
Nous ne donnerons pas ici de recettes ni de solutions toutes faites. Nous tâchons d’être forêts. Comme une force qui grandit, tige par tige, racine par racine, feuille par feuille. Jusqu’aux cimes débordantes, entre ciel et terre, devenir ingouvernables.
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Cette époque semble ne plus tenir à grand-chose. Elle qui fuit son propre désastre en se réfugiant dans son « vaisseau spatial Terre ». Elle qui avait mis tant d’espoirs dans la religion du Progrès, voilà qu’elle se trouve livrée aux commandes d’un globe à la dérive, délestée de tout sens, proprement extra-terrestre. Elle qui prétend gouverner le monde, voilà qu’elle s’en éloigne irrémédiablement. Jusqu’à devenir hors sol. La gestion technocratique est le maigre salut dont elle peut encore se prévaloir.
Car cette époque ne fait plus que ça : gérer. Elle gère des éco-systèmes, elle gère les populations, elle gère les corps, au même titre qu’elle gère un réseau électrique, qu’elle gère une salle de contrôle, qu’elle gère une cabine de pilotage. Elle qui voulait se construire un paradis, voilà qu’elle vit un véritable enfer. La cartographie qu’elle nous donne à voir se décline désormais sur ce paysage dévasté : d’un côté des chantiers titanesques de destruction du vivant, de l’autre une biodiversité muséale.
On n’aura jamais autant parlé de la « planète », du « climat », de l' »environnement global » qu’au moment même où nous nous retrouvons enfermés dans le plus petit des mondes, le monde des ingénieurs. Jamais autant disserté sur la « diplomatie climatique » que là où l’on juge de tout par des calculs et des algorithmes. Autant glosé sur le carbone pour en planifier des marchés. Les milieux naturels comme les lisières ou les haies de nos campagnes deviennent des infrastructures parmi d’autres, des IAE – « infrastructures agroécologiques » – avec leurs « services écosystèmes » répertoriés par télédétection spatiale.
Cette vision stratosphérique procède de l’idée selon laquelle nous résiderions sur ce globe comme s’il s’agissait d’une carte 1/1, un plan sur lequel on pourrait mettre à plat les êtres et les choses en temps réel. À la manière dont un écran fait défiler telle ou telle variable de population, te ou tel curseur de biomasse. Toujours des points répertoriés, des flux contrôlés. Tout ce qui relève encore de l’hétérogène, tout ce qui vit d’une prodigue opacité, toujours trop chaotique aux yeux des « intendants de la planète », est sommé de se laisser intégrer à cette mise en équivalence généralisée. Rendu lisible et gouvernable.
(…)
Il paraît qu’on peut juger d’une époque à la manière dont elle traite ses forêts. On jugera celle-ci à la manière dont elle mesure, pixel par pixel, son propre anéantissement.
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La cartographie, dès son origine impériale, aura été conçue comme un outil de colonisation, une manière d'écrire le récit d'une conquête où le civilisé s'empare de territoires soi-disant "vides" mais qu'il s'agit en fait toujours de "vider", car ils sont peuplés.
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"Cette vision stratosphérique procède de l idée selon laquelle nous résiderions sur ce globe comme s'il s'agissait d'une carte 1/1, un plan sur lequel on pourrait mettre à plat les êtres et les choses en temps réel. A la manière dont un écran fait défiler les telle ou telle variable de population, tel ou tel curseur de biomasse. Toujours des points répertoriés, des flux contrôlés. Tout ce qui relève encore de l'hétérogène, tout ce qui vit d'une prodigue opacité, toujours trop chaotique aux yeux des "intendants de la planète", est sommé de se laisser intégrer à cette mise en équivalence généralisée. Rendu lisible et gouvernable."
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Plus qu'un statut juridique, les terrains communaux étaient donc pendant une large partie du Moyen-Age, une espèce de mixte mêlant des espaces et des usages qui 'ont jamais cessé de circuler les uns à travers les autres, les uns par-dessus les autres, les uns au milieu des autres. Intraduisible en langage économique, ils étaient donc pour lui, foncièrement ennemis. Les communaux étaient des lieux hautement signifiants, mais non clairement appropriés. Qu'ils soient portion de forêt, pré communal, ou four banal où l'on faisait cuire le pain, ils résidaient dans une épaisseur spatiale et coutumière, à laquelle tout un chacun avait accès et participait.
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