Citations sur Plaidoyer pour les chiens, bâtards, fils de chiennes (2)
Quoique de basse extraction, Recep Tayyip Erdoğan parvint au faîte du pouvoir porté par l’esprit du temps et une pugnacité à toute épreuve. Après son galop d’essai, quand de judicieux experts en géopolitique l’étiquetaient « islamo-démocrate », on commença à le surnommer le Sultan, d’abord par dérision, ensuite avec une pointe de crainte car il faisait preuve d’un naturel ombrageux. (…)
On ne sait si Recep Tayyip Erdoğan appréciait Dario Moreno, chantre de Brigitte Bardot, mais on est plutôt enclin à en douter. Très jeune, Erdoğan avait pris en grippe la Turquie laïque d’Atatürk. Car la Turquie d’Atatürk avait aboli le Califat, supprimé le ministère des Affaires religieuses, celui des Fondations pieuses et corrélativement les tribunaux islamiques. Dans la Turquie d’Atatürk, les femmes avaient répudié le voile, le fez était prohibé comme désormais la polygamie. Mollahs et muftis se virent, bon gré mal gré, renvoyés strictement à leurs minarets. L’antique basilique Sainte-Sophie, joyau de Constantinople, fut convertie en musée. Tout cela pris ensemble déplaisait à Recep Tayyip Erdoğan pour des raisons qui lui appartiennent.
« Vous êtes des bâtards ! Vous êtes des fils de chiennes ! » Tel était le message lapidaire et élégant officiellement délivré en français sur Internet par le vice-ministre turc de la Culture et du Tourisme à l’adresse de Charlie Hebdo, journal satirique de gauche sis à Paris. Cette intervention du vice-ministre faisait suite à la publication en première page du journal d’une caricature de son maître, Recep Tayyip Erdoğan qui préside depuis bientôt deux décennies aux destinées de la Turquie et de ses ministres. Le message favorisait-il la culture et le tourisme en Turquie ? On est en droit de s’interroger.