Mon père avait infiniment d'esprit. .... faisant un jour le portrait d'une assez jolie femme, il s'aperçut que, lorsqu'il travaillait à la bouche, cette femme grimaçait sans cesse pour la rendre plus petite. Impatienté de ce manège, mon père lui dit avec un grand sang-froid :
- ne vous tourmentez pas ainsi, madame, pour peu vous vous le désiriez, je ne vous en ferai pas du tout.
Après le salon, le roi ayant fait apporter ce tableau à Versailles, ce fut M. d'Angevilliers, alors ministre des arts et directeur des bâtiments royaux qui me présenta à Sa Majesté. Louis XVI eut la bonté de causer longtemps avec moi, de me dire qu'il était fort content ; puis il ajouta, en regardant encore mon ouvrage : «Je ne me connais pas en peinture ; mais vous me la faites aimer.»
Combien de fois, surtout, me suis-je rappelé, en 1789, le trait suivant comme une sorte de prophétie : un jour que mon père sortait d'un dîner de philosophes, où se trouvaient Diderot, Helvétius et d'Alembert, il paraissait si triste, que ma mère lui demanda ce qu'il avait : «Tout ce que je viens d'entendre, ma chère amie, répondit-il, me fait croire que bientôt le monde sera sens dessus dessous.»
La reine ne négligeait rien pour faire acquérir à ses enfants ces manières gracieuses et affables qui la rendaient si chère à ceux qui l'entouraient. Je l'ai vue faisant dîner Madame, alors âgée de six ans, avec une petite paysanne dont elle prenait soin, vouloir que cette petite fût servie la première, en disant à sa fille : «Vous devez lui faire les honneurs.»
Quant à son entretien, il me serait difficile d'en peindre toute la grâce, toute la bienveillance ; je ne crois pas que la reine Marie-Antoinette ait jamais manqué l'occasion de dire une chose agréable à ceux qui avaient l'honneur de l'approcher, et la bonté qu'elle m'a toujours témoignée est un de mes plus doux souvenirs.
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La reine ne négligeait rien pour faire acquérir à ses enfants ces manières gracieuses et affables qui la rendaient si chère à ceux qui l'entouraient. Je l'ai vue faisant dîner Madame, alors âgée de six ans, avec une petite paysanne dont elle prenait soin, vouloir que cette petite fût servie la première, en disant à sa fille : «Vous devez lui faire les honneurs.»