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Critique de DonCristobalDeLaVega


Thomas, Stella, Cornelius, Théo, Sam et les autres copains-copines sont en terminale. Prince de la bande par son charisme, son humour et sa créativité, Edwin fascine. Jamais à court d'une blague, il n'est pas qu'un simple BG de la cour de récré ; ce type a la force de ceux qui saisissent les situations et les gens, puis osent et assument.
Jusqu'au jour où le dadaïste en chef débarque avec un bonnet duquel pendent deux oreilles de lapin. Rigolade, ça vanne et pas qu'un peu. Edwin, « patient », encaisse sans broncher. Lucien le costaud finit par agripper un bout de laine du bonnet – et là, pardon ! Edwin chope Lucien par le colback : « Je ne te permets pas de toucher ce bonnet. Ne profane pas ce qui te dépasse […] veille, à l'avenir, à respecter ma religion ». Oui, Edwin – alias Aigle-Auguste – s'est paré de la coiffe de « Nanabozo le lapin sacré, grand architecte de l'Univers ». Pas moins.
Okay. Tout le monde sent que ça ne plaisante plus.
Qu'ils soient rigolards, curieux, taiseux ou apprentis-fondamentalistes, toute la bande des dix va suivre le jeune prophète des Indiens et de leur religion. Véritable expérience initiatique. Tous vont se réunir, débattre, apprendre – et nous avec.
Petit à petit l'oiseau fait son nid, comme on dit, et c'est à travers le regard et la voix de Thomas que l'on sent basculer « l'affaire Wakan » et ses protagonistes des affres hormonales et passionnées de l'adolescence vers une froideur plus politique de l'âge adulte.
Ainsi parlait Nanabozo est un roman singulier et, écrivant cela, je vous le vante et pas qu'un peu. A l'instar de son éditeur Thierry Magnier, ce dernier livre de Fabrice Vigne ne « catalogue pas ses lecteurs » et de ce fait s'ouvre à tous. Si je ne suis pas le dernier à construire des chapelles (ça rassure et la vie est courte), je me permets d'insister : lancez-vous.
L'écriture à l'oralité si ciselée qu'il n'en reste que son naturel et son instantanéité (j'ai l'impression de faire une pub pour yaourts bio tout d'un coup) nous assoit pour quelques heures avec Thomas, le narrateur attentif et scientiste. Comme dirait Grégoire Bouillier, nous voilà à l'écouter, autour d'une coupelle de chips et de verres à bière que l'on remplira le temps qu'il faut.
Le temps que Thomas finisse par tout dire du « tragique » de « l'affaire Wakan ». Si notre compagnon-narrateur est fasciné par l'incertitude chaotique des volutes de la fumée d'une cigarette ou par la fin des sourires, on peut raisonnablement conclure qu'il va être servi.
Je finis en mode poids-lourd sur la file de gauche de l'autoroute – faut ce qu'il faut : Ainsi parlait Nanabozo convoque Kant, Céline, Camus et même Yakari. Et ce n'est pas de l'épate. C'est au contraire la marque du respect que Fabrice Vigne a pour son lecteur. Qu'il ait douze ou cinquante ans.
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