Il y a un an, une soirée spéciale a été organisée autour du roman "Le coeur ne cède pas" de Grégoire Bouillier (éditions Flammarion, prix André Malraux 2022) qui avait reçu une bourse d'écriture du CNL. Découvrez l'entretien enregistré avec l'auteur.
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Les livres ont le don de formuler ce que nous pensons avant même que nous le pensions et il est trop tard ensuite pour retrouver son propre indicible.
Je ne connais pas un homme, pas une femme, qui ne soit d’une manière qui lui est propre ce que son environnement fait de lui, que ce soit pour s’y conformer ou lui résister, ce qui revient géométriquement au même. Nous sommes des êtres sociaux et cela n’a rien à voir avec le fait de discuter au bistrot avec des amis ou des inconnus, mais tout avec l’incroyable porosité qui est la nôtre au monde extérieur et aux pressions que celui-ci exerce sur notre corps et sur notre esprit, qu’elles soient sociales, économiques, familiales, sentimentales, culturelles, événementielles ou tout ce qu’on veut. Si nous sommes quelque chose, nous sommes façonnés.
Zeiza Taïeb, encore elle, disait qu’elle devait servir ses frères comme une bonniche lorsqu’elle était gamine, ce qu’elle refusa un jour de faire et ainsi devint-elle Gisèle Halimi.
(page 550)
Voir dans le présent la promesse d'avenir dont il est le porteur est le plus sûr moyen de détruire et le présent et l'avenir. Un papillon dans de l'ambre ne vole plus.
Jusqu’au bout les « anciens » avaient droit de cité dans la famille et quand bien même on les reléguait dans un coin, ils étaient là, en chair et en os, radotant peut-être de vieilles histoires mais, ce disant, les transmettant jusqu’à tisser un lien entre le passé et le présent, au lieu qu’il soit rompu, comme il l’est de nos jours.
(pages 211-212)
Quand la raison se met à croire et la foi à raisonner, le crime contre l’humanité n’est jamais loin.
Quand on a vu de quoi les hommes sont capables, on ne peut plus croire en eux, ni en Dieu, ni en l’humanité, ni en rien. On est seul. On ne peut compter que sur soi.
(page 330)
- Les chiffres disent que les Parisiens sont passés de 3 000 calories par jour avant la guerre à 1 500 calories en 1942. Moitié moins.
- Les chiffres ne disent pas les sensations. Ils ne disent pas la faim. Ils ne disent pas l’angoisse au quotidien. Ils ne disent pas les queues pendant des heures devant des magasins vides. Ils ne disent pas le ventre qui crie famine. Ils ne disent pas la vérité : ils la nient. Ce pourquoi tout le monde parle chiffres, d’ailleurs. C’est façon d’évacuer l’humain. De ne plus le prendre en compte. Un truc de nazi, en quelque sorte.
(page 131)
André Breton avait pris de haut les cris scandalisés du gardien de la grotte du Pech Merle. « Allons bon, s’était-il énervé. Savez-vous qui je suis ? Connaissez-vous le surréalisme ? Je suis Breton ! Le grand poète André Breton ! Le pape du surréalisme. » Et l’autre de lui rétorquer : « Que vous soyez breton ou normand, le pape ou le bon Dieu, je m’en moque. Vous venez de profaner un chef-d’œuvre de l’humanité vieux de 20 000 ans ! Vous êtes une fripouille, monsieur ! Un vaurien. Une crapule. Voilà ce que vous êtes ! »
(page 789)
Retiens aussi ça, ma chérie. Les cheveux sont politiques. Si Bonaparte avait les cheveux longs, Napoléon les avait courts. Et c’est vrai qu’il a déplumé la France à la fin.
(page 616)