AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SaveurLitteraire


Pour ceux qui ne le savent pas, je suis bretonne d'adoption ; bretonne tout de même, ne chipotons pas. C'est donc avec intérêt et curiosité que je me suis plongée dans L'ombre de l'Ankou, quatrième roman de la collection Chatons Hantés des éditions du Chat Noir, un titre de Jean Vigne. Si vous connaissez la collection, vous savez qu'elle regorge de lieux hantés, de manoirs abritant des êtres trépassés. Ce court roman y a aussi droit, le tout illustré avec talent ! Et alors, ce manoir, qu'en est-il ?

Lotie, une jeune fille grincheuse que l'on apprend à connaître parce que c'est elle qui nous livre ce récit empreint de mystères et d'humanité, de culpabilité et de deuil, de maladie. Lotie, donc, est une gamine grognon qui n'attire de prime abord pas vraiment la sympathie, en dépit des épreuves qu'elle traverse avec sa famille. Sa manière d'aborder les choses peut surprendre et agacer, ça sera d'ailleurs le cas pendant une bonne moitié du roman, le temps de l'exposition et de la mise en marche de l'histoire.

Avec un format court et des illustrations occasionnelles – divines au passage, comme d'habitude dans cette collection -, on sait bien qu'il y aura peu de personnages. En effet, dans L'ombre de l'Ankou, c'est Lotie qui prend toute l'attention, et le peu de personnages restants font plutôt des apparitions éclairs, à deux exceptions près, en les personnes de sa mère et de Robin, un garçon qui apparaît et disparaît plus vite que son ombre, s'il en a une. Est-ce qu'il a une ombre ? C'est en petit comité que l'on découvre peu à peu les mystères perchés au-dessus du manoir.

La collection Chatons Hantés s'adresse avant tout à un public de 10 à 12 ans, aussi je reconnais ne plus être la cible adéquate pour apprécier au maximum ce roman. Cette collection est aussi connue pour incorporer des thématiques actuelles et vécues par beaucoup dans ses publications, c'est aussi le cas ici. Avec un travail de réflexion joliment abordé sur la maladie et ses conséquences à la fois sur la personne malade, et sur ses proches. La solitude, non pas forcément à voir comme une mauvaise chose, mais comme une possibilité qui ne cache pas un mal-être. le deuil, la capacité à lâcher prise. Lotie et ses jérémiades ne sont pas exactement le meilleur guide qui soit dans cette aventure brumeuse, mais notre vision de ce petit bout d'adolescente sera amenée à changer en même temps que les pages défilent. Lotie n'est qu'une jeune fille, après tout, et il est si simple de la charrier alors qu'elle n'est que le reflet de ce que l'on a été.

Dans un style simple mais agréable, parfois un peu trop soutenu pour une jeune fille de l'âge de la narratrice, l'auteur invite le lecteur à plonger dans une légende bretonne connue de beaucoup : l'Ankou, le Passeur des âmes. D'abord vu comme une menace par Lotie car celle-ci l'aperçoit régulièrement sur son embarcation ; c'est sans compter sur les surprises que l'intrigue livre à petits morceaux. Et si l'Ankou n'était pas qu'un être à redouter à tout prix, avide de chair et de cadavres ? Une belle et sensible façon d'humaniser la Mort, de délivrer une vision plus sereine et originale. Une allure de conte sur le deuil, la maladie et les adaptations aux changements.

Pas un coup de coeur, pas le meilleur roman de la collection non plus, mais L'ombre de l'Ankou sait tenir la curiosité du lecteur éveillée jusqu'aux dernières lignes, après avoir d'abord dû plonger dans la menace lugubre, pour se rendre compte que c'est bien plus complexe que ça. Les jeunes y trouveront un modèle qui leur ressemble et à qui ils peuvent se référer en la personne de Lotie grognon, et les moins jeunes y verront une plongée dans les légendes, et une réflexion sur des thèmes peu abordés, mais bien abordés. Une histoire de famille, de culpabilité. Si le format court faisait craindre que l'histoire ne soit pas tout à fait achevée, on s'aperçoit à la fin que c'était tout ce qu'il fallait. Ni trop court, pour laisser le temps de boucler, ni trop long, parce qu'il n'y aurait pas eu plus à raconter.

Note : 3/5
Lien : https://saveurlitteraire.wor..
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}