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Critique de gerardmuller


Alfred de Vigny/Poèmes antiques et modernes/Les Destinées.
Alfred de Vigny est né à Loches en Touraine en 1797, mais a vécu presque toute sa vie à Paris où il mourra en 1863.
De famille noble il se verra inculqué par ses parents le culte des armes et de l'honneur et le mépris de l'Empire.
Marié en 1825 à une jeune anglaise, il s'installe à Pau, une fois réformé de l'armée et se consacre à l'écriture : c'est l'époque des Poèmes antiques et modernes.
Ce n'est que plus tard vers 1838 une fois revenu à Paris qu'il écrit ses grands poèmes comme La Mort du Loup, le Mont des Oliviers, La Maison du Berger.
Les Destinées comprennent des poèmes écrits après 1843 qui furent rassemblés après sa mort par son exécuteur testamentaire en 1864.
S'il fut un merveilleux prosateur, il fut avant tout un grand poète, un poète singulier et irremplaçable.
Les Poèmes Antiques et Modernes laissent transparaître un nette influence De Chateaubriand, Chénier et Byron. On y trouve toutefois des chefs d'oeuvre comme le Cor, Moïse, ou La Fille de Jephté. Ces oeuvres mettent en scène une pensée philosophique sous forme épique ou dramatique.
Extrait des « Amants de Montmorency » :
Ils passèrent deux jours d'amour et d'harmonie,
De chants et de baisers, de voix, de lèvre unie,
De regards confondus, de soupirs bienheureux,
Qui furent deux moments et deux siècles pour eux.
Les Destinées traduisent une poésie encore plus intimiste, moins déclamatoire, sans pour cela verser dans le lyrisme indiscret.
La Mort du Loup par exemple traduit la volonté de Vigny de rester libre quitte à connaître la solitude : il vient de perdre sa mère et de rompre avec sa maitresse Marie Dorval.
Extraits de « La Mort du Loup » :
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris.
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris,
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu, qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,

Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri. »
Le poème « le Mont des Oliviers » traduit quant à lui l'angoisse religieuse De Vigny.
Extrait :
« Alors il était nuit, et Jésus marchait seul,
Vêtu de blanc ainsi qu'un mort de son linceul :
Les disciples dormaient au pied de la colline,
Parmi les oliviers, qu'un vent sinistre incline. »
Enfin « La Maison du Berger » traduit un espoir de progrès et de bonheur, l'Homme se confiant à la Nature et à la Femme.
Extrait :
Si ton coeur, gémissant du poids de notre vie,
Se traine et se débat comme un aigle blessé,
Portant comme le mien, sur son aile asservie,
Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;
S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,
S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,
Éclairer pour lui seul l'horizon effacé.
En appendice, on peut découvrir d'autres poésies De Vigny : Héléna par exemple, composé de plusieurs chants d'une grande beauté.
« Regardez, c'est la Grèce ; ô regardez !c'est elle !
Salut reine des Arts ! Salut, Grèce immortelle ! »
Un livre de chevet de plus !
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