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EAN : 9782850185403
254 pages
Grands Ecrivains - (textes choisis par l'Académie Goncourt) (01/01/1987)
3.94/5   9 notes
Résumé :
Ces poèmes sont choisis par l’auteur parmi ceux qu’il composa dans sa vie errante et militaire. Ce sont les seuls qu’il juge dignes d’être conservés.

Plusieurs nouveaux poèmes en remplacent d’autres qu’il retranche de l’élite de ses créations.

L’avenir accepte rarement tout ce que lui lègue un poète. Il est bon de chercher à deviner son goût et de lui épargner, autant qu’on peut le faire, son travail d’épurations rigides. Si cela est pr... >Voir plus
Que lire après Poèmes antiques et modernes - Les DestinéesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Alfred de Vigny/Poèmes antiques et modernes/Les Destinées.
Alfred de Vigny est né à Loches en Touraine en 1797, mais a vécu presque toute sa vie à Paris où il mourra en 1863.
De famille noble il se verra inculqué par ses parents le culte des armes et de l'honneur et le mépris de l'Empire.
Marié en 1825 à une jeune anglaise, il s'installe à Pau, une fois réformé de l'armée et se consacre à l'écriture : c'est l'époque des Poèmes antiques et modernes.
Ce n'est que plus tard vers 1838 une fois revenu à Paris qu'il écrit ses grands poèmes comme La Mort du Loup, le Mont des Oliviers, La Maison du Berger.
Les Destinées comprennent des poèmes écrits après 1843 qui furent rassemblés après sa mort par son exécuteur testamentaire en 1864.
S'il fut un merveilleux prosateur, il fut avant tout un grand poète, un poète singulier et irremplaçable.
Les Poèmes Antiques et Modernes laissent transparaître un nette influence De Chateaubriand, Chénier et Byron. On y trouve toutefois des chefs d'oeuvre comme le Cor, Moïse, ou La Fille de Jephté. Ces oeuvres mettent en scène une pensée philosophique sous forme épique ou dramatique.
Extrait des « Amants de Montmorency » :
Ils passèrent deux jours d'amour et d'harmonie,
De chants et de baisers, de voix, de lèvre unie,
De regards confondus, de soupirs bienheureux,
Qui furent deux moments et deux siècles pour eux.
Les Destinées traduisent une poésie encore plus intimiste, moins déclamatoire, sans pour cela verser dans le lyrisme indiscret.
La Mort du Loup par exemple traduit la volonté de Vigny de rester libre quitte à connaître la solitude : il vient de perdre sa mère et de rompre avec sa maitresse Marie Dorval.
Extraits de « La Mort du Loup » :
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris.
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris,
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu, qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,

Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri. »
Le poème « le Mont des Oliviers » traduit quant à lui l'angoisse religieuse De Vigny.
Extrait :
« Alors il était nuit, et Jésus marchait seul,
Vêtu de blanc ainsi qu'un mort de son linceul :
Les disciples dormaient au pied de la colline,
Parmi les oliviers, qu'un vent sinistre incline. »
Enfin « La Maison du Berger » traduit un espoir de progrès et de bonheur, l'Homme se confiant à la Nature et à la Femme.
Extrait :
Si ton coeur, gémissant du poids de notre vie,
Se traine et se débat comme un aigle blessé,
Portant comme le mien, sur son aile asservie,
Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;
S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,
S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,
Éclairer pour lui seul l'horizon effacé.
En appendice, on peut découvrir d'autres poésies De Vigny : Héléna par exemple, composé de plusieurs chants d'une grande beauté.
« Regardez, c'est la Grèce ; ô regardez !c'est elle !
Salut reine des Arts ! Salut, Grèce immortelle ! »
Un livre de chevet de plus !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
LA MORT DU LOUP

I

Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l’horizon.
– Nous marchions, sans parler, dans l’humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les Loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. – Ni le bois ni la plaine
Ne poussaient un soupir dans les airs ; seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent, élevé bien au dessus des terres,
N’effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d’en bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
– Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s’étaient mis en quête
A regardé le sable en s’y couchant ; bientôt,
Lui que jamais ici l’on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands Loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions, pas à pas, en écartant les branches.
Trois s’arrêtent, et moi, cherchant ce qu’ils voyaient
J’aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au-delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit, sous nos yeux,
Quand le maitre revient, les lévriers joyeux,
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du Loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu’à deux pas, ne dormant qu’à demi,
Se couche dans ses murs l’homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa Louve reposait comme celle de marbre
Qu’adorait les Romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s’assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s’est jugé perdu, puisqu’il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n’a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu’au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu’à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l’entouraient en sinistre croissant.
– Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche.
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

II

J’ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n’est pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l’attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l’eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l’homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
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« PRIÈRE POUR MA MÈRE

Ah ! depuis que la mort effleura ses beaux yeux,
Son âme incessamment va de la terre aux cieux.
Elle vient quelquefois, surveillant sa parole,
Se poser sur sa lèvre, et tout d’un coup s’envole ;
Et moi, sur mes genoux, suppliant, abattu,
Je lui crie en pleurant : « Belle âme, où donc es-tu ? »
Si tu n’es pas ici, pourquoi me parle-t-elle
Avec l’amour profond de sa voix maternelle :
Pourquoi dit-elle encor ce qu’elle me disait,
Quand, toujours allumé, son cœur me conduisait ?
Ineffable lueur qui marche, veille et brûle,
Comme le feu sacré sur la tête d’Iule…
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« Une lutte éternelle en tout temps, en tout lieu
Se livre sur la terre, en présence de Dieu,
Entre la bonté d’Homme et la ruse de Femme,
Car la Femme est un être impur de corps et d’âme. »

(Alfred de Vigny, Les Destinées)
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Vidéo de Alfred de Vigny
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : Alfred de Vigny, _Journal d'un poëte,_ recueilli et publié par Louis Ratisbonne, Paris, Michel Lévy frères, 1867, 310 p.
#AlfredDeVigny #JournalDUnPoëte #LittératureFrançaise #XIXeSiècle
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