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Critique de Rodin_Marcel


Vilain Philippe - "Pas son genre" – Grasset, 2011 (ISBN 978-2246771012)

J'ai acheté ce roman suite à la publicité matraqueuse s'étalant dans les journaux au sujet du film qui vient de sortir sous ce même titre, inspiré de ce récit.
L'intrigue pouvait s'avérer intéressante : un petit prof de philo, parisien jusqu'au bout des ongles et des neurones, se trouve nommé à Arras, où il noue une liaison avec une jolie petite coiffeuse aussi peu intellectuelle que possible. Il me fallut peu de pages pour comprendre que l'auteur ne se proposait rien de moins que d'imiter le style de Proust en fournissant de longues introspections de ce petit prof de philo, lesquelles – contrairement à ce que réserve la lecture de Proust – deviennent rapidement rasoir : ce petit écrivain n'a pas compris que les longues introspections proustiennes ne reposent pas sur le nombrilisme du personnage mais fournissent l'occasion d'insérer dans leur trame même des références à d'autres oeuvres qui, au sens le plus fort du verbe, enrichissent et débordent largement l'introspection elle-même.
Considérant les lourdes allusions, je compris dès la moitié environ du texte que «pas son genre» était une allusion à la dernière phrase d'Un amour de Swann, qui reconnaissait s'être amouraché d'une Odette qui n'était «même pas [s]on genre». N'est pas Proust qui veut, cette tentative de cet auteur échoue donc lamentablement.

Le récit présente toutefois d'autres intérêts mineurs, parmi lesquels figure une re-présentation (vue par les lunettes d'un petit philosophe aux petites chaussures) du monde féminin particulier à ces milieux populaires vivant dans ces petites villes de quelques dizaines de milliers d'habitants (environ 40.000 pour Arras, qui s'est même vue offrir un semblant d'université !).
Bien vu également, ce véritable marqueur social que constitue aujourd'hui le choix des prénoms, avec une nette prédominance dans ces milieux-là de prénoms tirés de séries télévisées états-unisiennes de bas niveau : la jolie coiffeuse se prénomme Jennifer, et notre philosophe aux petits pieds ne parviendra même pas à énoncer ce prénom lorsqu'il devra la présenter à d'autres bobos de son acabit. Car finalement, c'est tout de même ce personnage féminin à peine esquissé dans ce maigre roman qui l'emporte par sa générosité, sa franchise et qui assume une discrète rupture entièrement à ses dépens...
Il paraît que le film est nettement supérieur au roman… on ne peut que le souhaiter.
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