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Critique de ecceom


I Can get No tout à fait satisfaction

Ce roman court se lit en une heure maximum, sans que l'ennui pointe, c'est déjà bien.
Des faits authentiques (la mort de Brian Jones par noyade, les assassinats commis par la famille Manson et le désastreux concert gratuit des Stones à Altamont) "arrangés" puis reliés assez habilement entre eux, c'est pas mal non plus, à une réserve près (cf. plus loin).

L'impression reste pourtant mitigée.

Le style est coulé, vif, avec quelques traits d'humour discrets bienvenus (ainsi, à propos de la femme qui au cours de son jogging, découvre les cadavres des personnes assassinés par la famille Manson : "Elle fait dix mètres pour jeter un oeil et se plie en deux pour vomir son petit-déjeuner. On notera qu'il est préférable de courir avant de manger" ou encore : "Les Hell's Angels sont des gens simples qui croient aux carburateurs, à la guerre du Vietnam et aux filles qui couchent dès le premier soir").

La fiction est suffisamment étayée pour être séduisante, même si on du mal à imaginer un Meredith Hunter se ruant sur les Hell's Angels pour se venger, alors même qu'il vient péniblement (très) de leur échapper.
D'ailleurs, si on s'en tient à l'histoire rapportée par la quasi totalité des témoins (que ne dément pas le film des Frères Maysles), Hunter et son amie "blanche" Patty Bredehoft, étaient potentiellement en danger par leur seule présence en tant que couple mixte, dans cette foule, a fortiori, pour ce concert qui connaissait des actes de violence depuis son début, en raison du "service d'ordre" assuré par les Hell's Angels.
C'est quand il est monté (avec son hallucinante veste verte !) sur un des moniteurs près de la scène que Hunter aurait été bousculé par ces motards dégénérés, sorti son pistolet (pointé vers la scène certes, mais vers qui ?) avant d'être poignardé et massacré.
Mais après tout, peu importe la vraisemblable "vérité" historique.
Le récit d'Altamont est plutôt bien conduit et prenant.

Du coup, le choix d'une évocation de la mort de Brian Jones en ouverture semble encore plus étrange. Je me demande quel lien l'auteur fait entre cet évènement et le désastre d'Altamont ? L'un n'est pas inscrit dans l'autre. Villard veut-il signifier qu'avec Brian Jones, disparaissait l'innocence sixties ? Cela ne me semble pas très convaincant. Viré des Stones, Jones était également sorti de l'Histoire. En revanche, la dérive de la famille Manson et Altamont sont autant de clous dans le cercueil de la contre-culture dévoyée.

Au delà de ces considérations, si on s'en tient au style de l'auteur, j'ai du mal à considérer -en tous cas au vu de ce livre- que Marc Villard est "L'Ecrivain" qu'attend le polar français.
Je ne trouve pas que le ton présente une telle originalité qu'il se distingue à ce point. Par moments, ça ressemble plutôt à ces articles "adulescents" formatés qui semblent sortis tout droit d'un "Rock 'n' Folk" avec cette décontraction travaillée, cette volonté d'écrire "cool" en cherchant la scène décalée : "La tarte qu'elle prend arrive tel un crash de Boeing", ou (après que Sheryl vient à peine de se libérer de ses liens et que son son copain a été embarqué par les Hell's) : "Elle note sa solitude...Elle est nue au centre du living. Légèrement bronzée. Elle se laisse tomber sur le plumard abandonné et commence à se masturber, se passant en boucle un porno suédois...".

Donc, plutôt agréable mais pas non plus de quoi, selon moi, quoi crier au génie.

A noter une expression curieuse à propos de Charles Manson : "la brebis garée". Coquille ? Astuce ?
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