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Critique de ClaireG


De la chaise longue où je me suis installée sous le tilleul, je les regarde, lui et elle, rafistoler cette maison familiale laissée à l'abandon depuis des années. Jolie maison aux dimensions harmonieuses, construite pour durer longtemps et abriter des générations de familles aux enfants turbulents.

Des tuiles sont de guingois, la peinture est partie en lambeaux, l'appentis ne tient plus debout que de mémoire ou grâce à l'enchevêtrement des toiles d'araignées.

Plus loin, jouxtant le jardin rendu à son état sauvage, la rivière, la rivière poissonneuse dans laquelle son père lui avait appris, ainsi qu'à son frère, comment placer les nasses, lancer les lignes et se tenir d'aplomb pour ne pas être emporté par le courant. Car elle coule tranquille en apparence mais cache des remous tumultueux remplis de souvenirs et de blessures.

Pourquoi donc ce départ, pourquoi donc ce retour ? Rien ne le dit vraiment. de temps à autre, deux trois mots esquissés laissent supposer un malheur, un chagrin, une fragilité, une difficulté à vivre pleinement.

Lui a décidé de se donner une nouvelle chance, de réparer ce qui doit l'être, d'ôter ce qui est mort ou envahissant, de faire entrer la lumière et d'alléger son quotidien. Elle, aimante, complice, pleine d'entregent et de courage, ponce, peint, recycle, part à la découverte des environs, échange quelques mots avec la voisine, sauve un ragondin du dépeçage de sa fourrure, rencontre une adorable petite fille handicapée, apprend le nom des arbres, fait mijoter de délicieuses potées avec les plantes aromatiques du potager. Ici ça va.

Tout ce petit livre simple, pudique, silencieux, raconte à pas feutrés l'histoire d'une réparation, d'un retour sur soi, sur l'enfance, sur les blessures qu'emporte l'eau. Et puis, un jour, le frère arrive avec femme et enfants, les sourires renaissent francs, naturels, heureux. Ici ça va ne connaît pas de happy end mais tend vers une paix croisée, authentique. Superbe.

Je ne connaissais pas Thomas Vinau. Quelle simplicité, quelle richesse ! Je le découvre grâce aux chroniques de Terrains Vagues et de Michfred qui m'ont attirée comme une coulée de miel doré.

Tous ces courts moments de vie et de réappropriation laissent beaucoup d'espaces blancs qui, à pratiquement chaque page, ont enflammé mon inspiration. Si j'étais douée pour le dessin, j'aurais rempli ces vides de jolies couleurs, d'arbres, d'animaux, de nids, de ciel, de croisillons de fenêtres, de profils d'elle et de lui. Ici ça va, la formule prend tout son sens.

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