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Critique de Patoux16


Un récit au ton tendre et ironique où l'auteur décrit son quotidien, à vingt ans, dans sa ville...
Et un hommage attendri au comédien italien Mastroianni.

" Nous étions une bande d'amis un peu dingues, appliqués à ne faire que ce que nous voulions et en particulier rien. Tous doués, tous tordus, tous branleurs. Chacun avait des talents, qu'il exploitait mal, dessin, musique, philosophie, études, business. Chacun aimait pousser les limites et se défoncer avec ce qui passait. Chacun avait une entaille dans le myocarde ou un bout d'enfance déboîté. Une belle bande."

J'ai aimé cette lecture qui navigue entre rêve et réalité.
Une poésie tellement savoureuse, atypique et enveloppée d'humour.
Son regard existentiel sur son époque, sa lucidité, sa folie et une irrésistible envie de trouver un sens à sa vie.
A la lecture de ce livre, on perçoit une ombre de désespoir mais aussitôt une envie d'exister.

"Nous étions un beau matin d'avril. Je venais d'avoir vingt ans. Trop jeune pour être au RMI, trop vieux pour crever la nique. Ma situation étai critique et mon coeur en morceaux. J'avais trois passions, la défonce, l'amour et puis les livres. L'orde dépendait des jours. Aimer, rire et écrire étaient mes seules ambitions mais bien que j'y consacre toutes mes forces, je ne parvenais réellement à pratiquer aucune des trois activités.
J'étais inscrit à la faculté de lettres, que je fréquentais avec raison et parcimonie, afin de recevoir mes bourses.
Je travaillais dans un snack, une heure par jour, et sentais la frite les vingt-trois heures suivantes."


"J'avais un carnet, pour podcaster et écrire deux ou trois lignes en tentant de capter quelques détails, de mettre un peu d'ordre dans tout ça. le paysage, le ciel, la rue, les corps, mon coeur, ma tête, les pavés brillants, tout ce bordel emmêlé qui se gonflait et se dégonflait sans fin comme le ventre de Totoro, Tout ce bordel noueux et glissant à la fois, qu'on appelle la réalité. Je devais percevoir, ordonner, transcrire. Ce n'était pas un hobby mais une nécessité. Il fallait que je prenne des notes, que j'écrive, que je marque et traduise pour capter, dans tous les sens du terme, quelque chose.
Dans ces moments, je mettais ma foi et mes forces à me prendre pour Henry Miller ou Céline, Kafka, Maupassant ou Koltès et, étonnamment, je n'y arrivais pas. Mais j'essayais. Jusqu'à ce que je déteste le résultat. C'était le seul domaine dans lequel j'acceptais d'aller au bout. Parce que j'en avais besoin. Parce que c'était plus grand que moi, plus grand que les cailloux noirs dans mon ventre, plus grand que cette farce humaine et sociale, plus grand que l'horreur et l'injustice, plus grand que toutes les hypocrisies, même la mienne. Plus grand que mes peurs aussi.
Parce que c'était beau et que çà me consolait, me faisait rêver, penser et sentir, me donnait l'illusion d'avoir une place et d'y être infiniment meilleur.
Parce que toutes les lumières et toutes les ombres se mêlaient dans les mots. Parce que c'était la littérature, donc l'art, donc la seule vie qui vaille, l'unique construction humaine à laquelle je voulais bien croire.
En secret.

Et moi, la lectrice j'ai aimé, simplement, parce que c'était beau !










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