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Critique de gruz


Gilles Vincent s'intéresse à l'Espagne, à son passé, à son présent, il l'a déjà prouvé auparavant. Ses livres ne sont jamais gratuits, toujours impliqués, voire engagés. Tout en restant de vrais romans noirs, tendus et rythmés.

Les poupées de Nijar ne déroge pas à la règle.

Direction Nijar, un joli village espagnol. Mais aussi la serre du « potager » de l'Europe. Une terre d'exploitation, pas seulement de fruits et légumes, mais d'hommes aussi. Un scandale humanitaire dont personne ne se soucie, préférant payer ses denrées à moindre coût, et tant pis si les immigrés noirs mais aussi des pays de l'Est sont traités comme l'étaient les esclaves du passé…

Dans le roman, cette pointe sud du pays est aussi la scène d'une effroyable affaire de disparitions et de meurtres d'enfants, ceux du pays. Lien ou pas entre ces deux situations ? L'intrigue s'avérera replonger également dans un passé sombre, que beaucoup veulent oublier.

Je dois dire qu'au-delà du récit, c'est bien la situation de cette mer de plastique qui m'aura marqué. Comment ne pas ouvrir les yeux face à ce scandale autant écologique qu'humanitaire. Comment continuer à consommer de la même manière ?

L'auteur décrit, sans surjouer, sans chercher à exagérer le propos. Il préfère narrer cette situation déchirante à travers son intrigue. J'aurais d'ailleurs aimé qu'il aille plus loin concernant ce sujet, c'est mon léger regret.

Car ces serres ne sont qu'une partie de ce qu'il raconte. Assez vite le récit prend la forme autant d'un thriller que d'un roman noir. Chapitres courts, rythme tendu, style parfois lapidaire. Mais pour mieux faire passer aussi les émotions, en ambivalence.

Thomas Volner est un reporter-photographe français qui va débarquer en pleine affaire et se retrouver écartelé entre ces deux terrains d'enquête. Qu'il va prendre à coeur.

Gilles Vincent ne ménage jamais ses personnages, ce n'est pas une première. Ce roman noir ne fait pas dans la demi-mesure, mais ne tombe jamais dans la provocation gratuite.

La violence est bien présente, comme elle l'est dans la société, comme elle découle d'une situation explosive et d'un passé qui l'est tout autant.

Souvent dans ses livres, l'engagement du propos est aussi politique et historique. du coup, l'intrigue évolue en strates, pour mieux surprendre le lecteur, le déstabiliser, le coller au sol. Parce que certains passages font mal, mal à l'âme. Font honte aussi.

Les poupées de Nijar est autant thriller crispant que récit social, parfois déchirant dans ce parfum de scandale(s). Gilles Vincent continue son chemin à travers le roman noir, pour raconter, mais dénoncer aussi. Ce roman en est une étape importante.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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