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Critique de yann-frat


Louis XVI

Par Bernard Vincent

Folio biographie (inédit février 2006)
Et oui comme toutes les vieilles, j'ai profité de l'été (et de la vague Marie Antoinette) pour réviser mes classiques, me plonger dans une bio historique.
Louis XVI donc. Un nébuleuse ce roi ; l'histoire n'est écrite que par les vainqueurs et on reproche donc tout à ce roi perdant. BV tente cependant de rétablir la « vérité historique » (si tant est qu'elle existe hein...), de faire le tri entre ce qui est et ce qui a été dit.
Ainsi il présente Louis XVI comme un roi complexe en phase avec son époque et les lumières, un roi qui aurait tenté d'être un « despote humaniste » et qui est tombé dans la faille que créent ces deux mots accolés.
Despote : Oui car il a été formé dans une monarchie absolue de droit divin. Quand il arrive au pouvoir, louis XV a supprimé le parlement. Louis XVI a donc tous les pouvoirs et se croit sincèrement investi d'une mission divine (c'est par exemple le dernier roi a avoir soigné les écrouelles). Ce n'est pas toujours simple mais il faut bien avoir à l'esprit que pour lui (et pour ceux de son époque) la république ; la démocratie ne sont que de vagues idées, des concepts.
Humaniste : Il est assez cultivé et a lu apparemment les philosophes et les idées de son temps. Il n'aura ainsi qu'une seule obsession : ne pas faire le malheur de son peuple donc ne pas recourir à la violence, ne pas faire couler le sang. Ce qui est de fait un jeu dangereux et quand il s'y résoudra (massacre de septembre) il est déjà trop tard. C'est ainsi un roi qui joue la carte de la liberté en Amérique, du parlement et des découvertes scientifiques (l'expédition de la Pérouse).
Finalement c'est ce qui m'a le plus troublé dans ce personnage : son obsession de «faire le bien ». Sa volonté de trouver un compromis acceptable par tous... qu'il ne trouvera jamais. Plus précisément, dans son parcours il va accumuler les concessions en pensant que ses adversaires les entendraient et respecteraient ses efforts. Il n'en sera évidemment jamais et ainsi chaque compromis en entraînera un nouveau jusqu'à l'échafaud. Ainsi, en tant que fervent lecteur de Machiavel, je me dis que l'attitude de Louis XVI, est, sous cette optique typiquement ce qu'il ne fallait pas faire… Pour maintenir son pouvoir le roi aurait sûrement du faire couler du sang, des massacres symboliques... Et nous voilà donc devant une bien étrange morale ultra moderne : l'humanisme et le respect de la vie empêchent l'exercice du pouvoir. Ou plus précisément le pouvoir et son maintien nécessite par essence un certaine part de violence symbolique et réelle...
Du coup, en perspective, on réalise aussi que l'histoire populaire a fait de ce roi un faible alors que moralement il a pris le parti le plus « courageux » (la sage négociation) face à la violence brutale. Comme si on lui reprochait de ne pas avoir fait ce qu'on attendait de lui, comme si les français ne respectaient que les despotes ?
Enfin au long de cette bio on réalise une fois encore (s'il en était besoin) que la révolution a été presque totalement un mouvement d'origine parisienne intra muros, que le « peuple français » est resté longtemps royaliste et n'imaginait même pas un changement de régime. le plus flagrant est l'arrestation et le procès du roi qui a été apparemment monté et réalisé sous la pression de la commune de paris soit, allez, disons 6000 personnes extrémistes...
Une bio vraiment ultra moderne.
Ps seul bémol Bernard Vincent m'a l'air franchement de droite, et ne peut s'empêcher de répéter à l'envie « les français n'acceptent jamais les reformes, non, non, jamais... » ce qui est un poil lourdingue....

Lien : http://xannadu.canalblog.com
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