Pour l’auditoire, au moment où Isabelle Attard a parlé d’une femme dénudée, elle a enfreint la pudeur élémentaire en proposant un court-métrage pornographique. Alors qu’en réalité, elle parle de violence. Le sexe n’étant qu’un outil pour rappeler aux femmes, régulièrement, dans chaque agression sexuelle et dans chaque viol, de la façon la plus humiliante possible qu’elles ne sont que ça. Que des femmes. Que des corps dont on dispose. Vides. Sans esprit, sans joies, sans quotidien, sans humanité.
Le silence collectif ou le rire identifient les complices. Tant qu’ils ne se désolidariseront pas, ces règles auront cours. Les hommes ont tout à gagner à rester aux côtés de ceux qui raillent, délégitiment et oppriment et n’ont aucun intérêt à rejoindre les raillées. Chapeau aux premiers qui franchiront ce pas et casseront la ligue des frères.
En tout cas, moi j’aimerais comprendre ce qui lie tellement les hommes qu’ils sont prêts à mettre leur intégrité morale et politique en danger pour défendre l’un des leurs, sans même connaître la vérité.
Le lendemain de la diffusion du documentaire d’Envoyé spécial en 2021, Emmanuel Macron a lui aussi repris le terme d’inquisition. Je ne m’étends pas sur l’utilisation hallucinante de cette expression, quand on sait que l’« inquisition » a mené au bûcher des dizaines de milliers de femmes et posé pour des siècles un couvercle sur leurs libertés.