La masculinité hégémonique nous conduit droit dans le mur. Les Trump, Erdogan, Orban, Poutine, ont des points communs évidents : en plus d’être des hommes, ils sont tous misogynes. Ils ont tous un programme de destruction des peuples, de la culture, de l’intelligence et de la planète. Ils veulent perpétuer cette logique abêtissante d’accumulation. Ce système les a tous portés au pouvoir, parce qu’il glorifie la masculinité hégémonique. Comment pourraient-ils tenir un discours qui « tiendrait compte des alertes des scientifiques : notre survie est en danger, nous devons drastiquement changer notre façon de consommer et de vivre, réduire la voilure impérativement et surtout cesser la destruction qui n’a pour seule visée que l’accumulation de biens individuels ? Ces rapports qui se succèdent en appellent à notre humilité. Nous ne pourrons en faire un programme politique pris au sérieux qu’en modifiant en profondeur les méthodes.
Concernant les femmes, Condorcet dénonce un abus de pouvoir des députés. Dans un discours du 3 juillet 1790, il tance les élus : « Tous n’ont-ils pas violé le principe de l’égalité des droits en privant tranquillement la moitié du genre humain de celui de concourir à la formation des lois, en excluant les femmes du droit de cité ? […] ». Il poursuit : « Il serait difficile de prouver que les femmes sont incapables d’exercer les droits de cité. Pourquoi des êtres exposés à des grossesses et à des indispositions passagères ne pourraient-ils exercer des droits dont on n’a jamais imaginé de priver les gens qui ont la goutte tous les hivers et qui s’enrhument aisément ? ». Condorcet ramène les hommes blancs à la fragilité de leur corps. Il leur rappelle qu’aucune force surnaturelle, aucun arrachement véritable à la nature ne justifie leurs droits. L’accession des femmes à la citoyenneté a été, on le sait, progressive. Et que ce soit pour elles ou les personnes racisées, elle est loin d’être achevée.
Les réactions sont épidermiques à chaque fois que les questions politiques sont abordées sous un angle sensible. Surtout ne pas parler du réel ! Le réel est grossier, il tache. Oui, parler du social impose d’aborder ce que les politiques publiques font aux corps, comment elles bouleversent les destins, rabotent les moments de joie dans les journées, comment elles répartissent les contraintes de façon inéquitable. C’est ce que martèlent les féministes depuis des décennies : « L’intime est politique ! ».
Le mal semble inscrit dans la racine même de notre pacte social. Les textes fondateurs, notamment la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, excluaient déjà les femmes, les hommes racisés et les hommes pauvres de la citoyenneté. L’histoire constitutive de notre pays a placé l’homme blanc bourgeois sur un piédestal. On en était là, on y est toujours.
Des députés révolutionnaires ont critiqué cette définition restrictive de la citoyenneté. Lors de la rédaction de 1789, Condorcet a ironisé : « il manque un mot à l’article premier : écrivons plutôt “tous les hommes blancs naissent libres et égaux en droits”.
Ainsi cette rédaction n’était pas le simple produit de l’époque. Et la critique que je lui adresse aujourd’hui n’est pas le résultat d’un wokisme anachronique. Elle ne répondait pas à une construction sociale hégémonique impossible à remettre en question : c’était déjà choquant il y a 250 ans.
Il est temps d'ouvrir sa gueule. L'homme politique tel qu'il existe, je sais ce qu'il faut en faire : du compost.
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Invitées :
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