AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CDemassieux




L'histoire débute le 7 août 1932, le jour de l'inauguration de l'Ossuaire de Douaumont, l'un des quatre monuments nationaux érigés après la Première Guerre mondiale, avec : Notre-Dame de Lorette, Dormans et le Vieil Armand. Douaumont, c'est là que se trouvait un fort disputé à grands coups d'obus et de morts lors de la bataille de Verdun.

Tandis que le Président de la République Albert Lebrun prononce son discours, des hommes un peu en retrait se souviennent et chacun, fort de son expérience au front, déroule le fil d'une bataille devenue mythique parce que symbole de la résistance à l'Allemagne, laquelle fut à l'initiative de cette offensive, contrairement aux désastreuses batailles de la Somme à l'été 1916 ou du Chemin des Dames au printemps 1917.

Par la diversité des points de vue –un aviateur, un saint-cyrien, des poilus, un officier de santé, etc. –, rien n'est éludé, pas plus que l'histoire n'est réécrite pour complaire aux révisionnistes progressistes : oui, c'est bien le général Pétain qui a organisé la Voie sacrée ayant permis d'acheminer soldats, matériel et munitions dans le secteur de Verdun et l'empêcher ainsi de tomber dans l'escarcelle des Allemands qui entendaient alors saigner l'armée française. Pétain devenu maréchal après la guerre et dont on voudrait ne reconnaître que la trahison de 1940 à 1944.

Oui encore, c'est bien Nivelle qui mit un terme à la bataille de Verdun, mais pour s'en aller commettre la plus effroyable erreur stratégique au Chemin des Dames quelques mois plus tard, en versant inutilement le sang de dizaines de milliers de soldats français.

Cet album, réalisé avec un dessin assez classique mais dynamique, plus une narration touchante, fait partie de la collection « Les grands batailles de l'histoire de France ». Et l'on peut dire que, sans égaler le talent des bandes dessinées de Tardi sur la guerre 1914-1918, il remplit son office mémoriel, en réussissant à ne pas verser dans le manichéisme glorieux ni non plus dans l'invective antimilitariste anachronique. Il constitue ainsi une très bonne entrée en matière, à compléter, selon, moi avec l'extraordinaire ouvrage de l'historien Pierre Miquel : « Mourir à Verdun ».

Le récit s'achève toutefois sur une illusion chargée de mauvaise promesses. Car, en évoquant le sacrifice de ses camarades, l'un des protagonistes dit ceci : « Grâce à leur sacrifice, l'Allemagne est à terre et la paix est assurée pour longtemps. » Une note en bas de page tempère cet enthousiasme en rappelant la situation d'alors : « le NSDAP d'Adolf Hitler devient le premier parti d'Allemagne aux élections législatives du 31 juillet 1932. le 30 janvier 1933, Hitler est nommé chancelier. » Un chancelier que nous avons laissé croître jusqu'à ne plus pouvoir l'arrêter, comme nous laissons aujourd'hui croître d'autres périls qui, tôt ou tard, nous exploseront au visage. Ceci est une autre histoire…



Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}