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Je n'ai aucun souvenir des circonstances qui m'ont amené à lire ce livre. Par contre, le jour où j'ai retrouvé dans mes affaires ce fanion et ces pins soviétiques, offerts par mon grand-père il y a bien longtemps ‘car oui je suis assez vieux pour avoir connu l'URSS), j'ai immédiatement pensé à ce brave Rouslan pour qui il constituerait un allié photographique de choix.

Sibérie, début des années 1960. Rouslan est chien de garde dans un goulag. Il a été formé pour surveiller les prisonniers et aider à retrouver ceux qui tenteraient de s'évader. Il n'a toujours connu que ce travail, qu'il exerce d'ailleurs avec une redoutable efficacité. Mais tout va changer à la mort de Staline. le camp ferme et les prisonniers s'en vont. Son maître même lui donne congé. Comment Rouslan va-t-il faire face à cet évènement auquel rien de l'a préparé ?

Rouslan a été écrit par un dissident du régime soviétique. Il nous montre, à hauteur de chien, toute l'absurdité du système politique ayant conduit au goulag. Dressé pour obéir, pour haïr les prisonniers, Rouslan va perdre tout ses repères hors du cadre strict du camp. D'ailleurs, si d'autres chiens tentent de « se reconvertir » auprès des civils pour obtenir un peu de nourriture, lui ne désespère pas de parvenir un jour à reprendre du service.

En bref, un livre au point de vue très original qui fait réfléchir et qui dénonce les limites du système totalitaire soviétique avec beaucoup d'ironie, non sans être parfois aussi émouvant. A ne pas rater !
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À hauteur de chien de garde.
Le Fidèle Rouslan se présente comme un roman où le narrateur possède la faculté d'être à la fois humain et de pouvoir rentrer dans l'esprit d'un chien. On connaît donc l'intrigue par l'intermédiaire de ce que l'animal comprend. Rouslan est un chien de garde modèle de l'univers concentrationnaire soviétique. Contrairement à ce qu'on pourrait attendre, l'histoire se déroule juste à la suite de la sortie des camps et de la déstalinisation. Rouslan sort du camp sans trop comprendre ce qui se passe et continue de vivre au rythme de sa vie antérieure. Il interprète les faits et gestes des « bipèdes humains » en fonctions des directives qu'il a assimilées et fait appliquer par automatisme. On se trouve ainsi devant une vision particulière du goulag par un chien qui voit le monde comme une sorte de grand camp et par un décalage temporel entre le temps de la narration et le temps du camp, décalage qui est parfois à l'origine d'une sorte d'humour glaçant. On y sent aussi l'allégorie qu'on ne sort jamais totalement d'un camp.
Cependant, on peut déceler un second thème étroitement lié au premier : celui de l'appel de la vie sauvage. En effet, en dehors du camp et sans la tutelle du maître, Rouslan ressent l'appel de la forêt, l'appel d'une vie axée sur la recherche de nourriture et de proies, de la lutte pour se les approprier, l'appel de la liberté. Alors, se fait jour un combat intérieur entre le besoin de répondre à ses instincts et l'orgueil de « rester fidèle au nécessités du Service », entre l'inconnu palpitant mais déstabilisant et les habitudes ennuyantes mais sécurisantes. Quel sera son choix ?
On tient avec le Fidèle Rouslan, un roman original, bien construit, qui demande à être lu jusqu'à la fin et dont la force se manifeste davantage par sa capacité d'évocation que par la description d'images ou de faits cruels, horribles ou monstrueux qui sont le lot de bien des romans de littérature concentrationnaire.
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Reflet fidèle d'un temps où l'on s'amalgamait à un système unique, celui d'un seul.

L'autre, l'extérieur, qui, de son regard, de ses paroles oppose son courant, sa pensée à cette structure, ce montage, cette architecture sociale devient l'ennemi, l'ivraie.

Gardons nous de ces autres, ces gens qui, de leurs simples raisonnements font vaciller ces montagnes d'un autre temps.

Les murs disparaissent et les empreintes demeurent, l'être se démène et les ombres d'un autre passé deviennent compagnes du présent.

Pages à tourner et à réfléchir sur ces traces que certains s'attachent à laisser de leur passage dans notre histoire.
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Désarroi d'un chien de garde à la fermeture de son camp : la déstalinisation sous un aspect inédit.......
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"Dans ce petit square -tout comme au terrain d'exercice- deux hommes sans vie, couleur gamelle d'aluminium, se tiennent perchés Dieu sait pourquoi sur des socles : l'un, sans bonnet, à le bras tendu en avant, la bouche ouverte, comme s'il venait de jeter sa canne et s'apprêtait à ordonner : "rapporte!"; l'autre, coiffé d'une casquette, ne montre rien du bras mais a la main glissée sous le revers de sa tunique d'uniforme : tout, dans sa personne, laisse entendre que c'est à lui qu'il faut "rapporter"."

Ecrit dans les années 1960, le fidèle Rouslan a circulé en URSS sous forme de samizdat avant de paraître anonymement en Allemagne en 1975.

Rouslan est chien de garde dans un camp du goulag. Après la mort de Staline (1953), les camps sont fermés petit à petit et les prisonniers libérés. du jour au lendemain Rouslan se retrouve sans emploi et sans comprendre ce qui lui arrive. Alors qu'il tente de survivre et de donner un sens aux événements il se souvient de l'époque de son dressage et des années de Service qui ont suivi.

A travers le personnage de Rouslan l'auteur nous présente la répression dans un camp du goulag, la mise au pas des prisonniers par la terreur. le roman montre aussi comment, même après la libération physique, le formatage effectué sur les détenus et leurs gardiens, les violences qu'ils ont subies ou fait subir, les empêchent de s'adapter à une autre vie. L'interprétation personnelle que fait Rouslan des événements permet à l'auteur de jeter un regard sarcastique sur le régime totalitaire soviétique. J'ai apprécié cette lecture.
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Je pense que je n'ai pas toutes les connaissances pour comprendre ce soi-disant chef-d'oeuvre. J'ai eu de la peine à comprendre cette sous-lecture et critique. Car ce livre a été publié anonymement pendant des années et interdit en ex-URSS.
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Si en évoquant les camps de discipline et autres goulags, il y a bien un aspect auquel on ne pense pas forcément, c'est la présence d'une autre forme de gardiens, ces chiens qui accompagnaient leurs maîtres dans leurs tâches journalières : sélectionnés et élevés dans le but de suppléer leur maître respectif dans le gardiennage des prisonniers. Car si l'homme possède tout un éventail de moyens de dissuasion pour garder son prisonnier sous son joug, le chien possède ses propres qualités qui complètent bien ce tableau de bourreaux, À savoir un sens de la fidélité exceptionnel envers la personne qui lui sert de maître et un odorat développé, très utile lorsqu'il s'agit de débusquer les fuyards. Si l'on en croit l'article du Point de janvier 2013 qui fait état de différents témoignages, l'un d'eux de Sofia dénonce la cruauté de ces gardiens : "Ils nous repoussaient avec les chiens et les crosses de fusil lorsqu'on s'approchait de leur feu", ajoute Sofia. Les chiens ont été là, aux côtés des hommes, menaçants et agressifs et maltraitants, et prendre l'histoire sous le point de l'un de ces animaux, permet un autre point de vue sur les camps, le traitement des prisonniers. 

S'il y a bien une chose qui caractérise Rouslan, c'est sa loyauté, inébranlable, à un maître qu'il vénère. À un point tel que non seulement, il ne met jamais aucune de ses décisions et ordre en question, mais il les devine, il les devance, il en est l'applicateur, la main agissante, zélée et sans faille : il ne fait pas bon de tomber dans les crocs du chien, qui n'éprouve aucune pitié. Au contraire, sa haine du zek et du prisonnier, il vit avec elle chaque jour, nourrie par celle de son maître, que l'on devine aussi impitoyable que sa bête, et empreint même d'un plaisir pervers à diriger, dominer et blesser. Par son insertion dans l'esprit du chien, doté d'une conscience à lui, Gueorgui Vladimov montre à quel point ces prisonniers étaient une catégorie de sous-hommes, sur lesquels même un animal avait le dessus. Une plongée encore une fois dans ces camps de Sibérie, une réflexion sous-jacente sur la sujetion du chien, à mi-chemin entre le prisonnier maltraité et le gardien maltraitant.

Une dépendance affective à leur maître, pas loin d'être ce syndrome du Stockholm qui fait que les prisonniers s'attachent à leur geôlier, que même ces geôliers s'attachent à une autorité abusive : chacun est frappé d'une sorte d'aliénation qui les empêche de s'échapper et de revenir à leur vie et ce n'est pas le Râpé, ancien prisonnier, qui rate consciencieusement deux de ses trains pour rentrer chez lui, qui va démontrer le contraire. Lorsque la prison n'a plus de barbelés pour la matérialiser physiquement, et a même été détruite, elle peut continuer psychologiquement à enclaver les esprits, annihiler les volontés, effacer les personnalités. Et la liberté devient indésirable, source de craintes, où les individus ne sont plus nommés, mais réduits à des surnoms de Maître, l'instructeur, le Râpé. Une liberté que l'auteur a chèrement gagnée au prix de son exil. 

Si la fidélité peut apparaître comme une qualité chez le chien quant à sa relation avec l'homme, l'auteur démonte le processus d'aliénation de Rouslan, depuis les derniers jours du camp jusqu'au sein de sa mère, le moment où il a été sélectionné, par son caractère rétif par rapport à ses soeurs et frères, par l'instructeur qui aura la charge de le dresser et conditionner. S'il y a bien une chose à retenir, c'est de voir à quel point, hommes comme animaux sont formatés. Un lavage de cerveau qui les maintient dans un état de soumission devenu naturel. Ce n'est pas tant à l'homme, son maître, le gardien, que la fidélité du chien va, une fois la trahison digérée, c'est une allégeance à ce qui est appelé le Service, le système idéologique qui maintient l'oppression stalinienne, auquel personne n'ose se rebeller ou a minima remettre en question, chacun des dominants - gardien, surveillant - se contente de jouir de la petite forme de pouvoir, aussi infime soit elle, qui leur ai confié. Comment ne pas voir dans ce roman, de la part d'un écrivain qui s'est ouvertement érigé contre toute forme de censure, une manière de la détourner et de la désamorcer en employant le point de vue d'un canidé. 

Les vies de Rouslan et du Râpé, chacun se croyant le maître de l'autre, se rejoignent tragiquement dans l'impossibilité de sortir de leur rôle, des environnements du camp, la volonté propre de l'un et de l'autre ayant été mises à mal par leur vie au camp. Et un constat, de la part du canidé, assez sombre et triste, quoique réaliste, sur la réalité de relations et de la nature humaine qui se révèle à la lumière, et surtout à l'ombre, du camps de travail et de ses structures de domination et d'emprise sur déportés et autre personnel plus faible que soi, de contrôle et de perversion, quelquefois, certains finissent par en jouir de la souffrance, une drogue qui appelle au manque insatiable, jusqu'à en éprouver Rouslan, la plus fidèle des bêtes au Service jusqu'à sa mort. Andrei Sinyavsky dans son article "People and Beasts" (1975) dit ironiquement que Rouslan est l'image d'un héros communiste idéal : son honnêteté, son dévouement, son héroïsme, sa discipline en font un véritable porteur du code moral du bâtisseur du communisme. En même temps, Vladimov montre comment ces qualités idéales sont perverties dans une société communiste. Selon Andreï Gavrilov , il s'agit « d'une image d'un système inhumain qui détruit chez l'animal ce que l'on voudrait humaniser. »
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je n'ai pas du tout réussi à entrer dedans; meme en me disant qu'il s'agissait d'une écriture symbolisant les horreurs des camps staliniens, j'ai trouvé beaucoup de passages ennuyants
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