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Critique de NMTB


On peut diviser le livre en quatre parties :
1/ dans la grosse première moitié, il est uniquement question des faits militaires, de la Fronde à la guerre de succession d'Espagne.
2/ les moeurs de la cour et le caractère de Louis XIV.
3/ politique intérieure : économie, justice, sciences, arts.
4/ religion.

« le siècle de Louis XIV » a d'abord l'aspect d'une Histoire officielle, Voltaire donne l'impression d'avoir voulu écrire une sorte de panégyrique de Louis XIV, qu'il ne critique jamais directement ou alors tout en insinuation, au détour d'une phrase, en accumulant certains faits, mais il insiste surtout sur ses qualités et d'abord le rayonnement qu'il a donné à la France. C'est un ouvrage aux apparences policées qui recherche davantage la respectabilité que la franchise. Au moins quand il ne s'agit pas de religion.
Il est un peu moins louvoyant sur les principaux ministres que sur le roi. Mazarin était pour lui un voyou, la disgrâce de Fouquet un peu sévère, Louvois un sale type, Chamillart un incompétent. Rien à voir avec Colbert dont il est très admiratif. Colbert c'est le moment de gloire de Louis XIV, le rétablissement de l'économie, le développement de l'industrie et du commerce, le protecteur des arts et des sciences. Aucun reproche à lui faire, sauf peut-être sur sa politique agricole pas assez libérale.
Voltaire c'est quand même le spécimen parfait du bourgeois à la fin de l'ancien régime, il n'a qu'une seule idéologie, celle qu'on pourrait aujourd'hui définir comme un mélange de progrès, de croissance, de développement. Pas du tout opposé à la monarchie, il n'avait rien à redire sur le luxe déployé par Louis XIV, car c'était de l'argent injecté dans l'industrie. Il regrettait par contre ses guerres perpétuelles qui ont durablement grevé les finances et son autorité parfois excessive.
Voltaire, qui méprisait profondément les superstitions, était aussi un passionné de science, des sciences concrètes, expérimentales. Quand le savoir tombait dans les arguties de la métaphysique, il ne l'intéressait plus. Pour lui Descartes « ne fit guère que des romans de philosophie ». Autant dire que les querelles théologiques lui passaient complètement au-dessus de la tête, aussi bien du côté des partis protestants que catholiques, tout ça n'était que des échauffements inutiles. Et quand ces échauffements finissaient en véritables guerres on atteignait le summum de tout ce qu'il détestait.
Les gouffres financiers des guerres entre pays européens lui plaisaient déjà moyennement. de toutes celles de Louis XIV, seule la guerre de succession d'Espagne lui paraissait justifiée. Mais les guerres civiles (c'est ainsi qu'il qualifie la Fronde) lui étaient odieuses. Il y a quelque chose de bouffon et de pathétique dans la manière dont il décrit la Fronde, avec les belligérants qui changent de camp comme de chemise, les parlements qui font n'importe quoi, le peuple pas concerné, moqueur.
Mais la véritable tâche noire du siècle de Louis XIV est la révocation de l'édit de Nantes. Pour Voltaire la tolérance n'est pas une fin en soi, la fin c'est ne pas perdre inutilement de la productivité et ce qui le révolte dans la révocation de l'édit de Nantes c'est qu'elle a abouti à l'émigration de cinq cent mille protestants alors que la France avait besoin de bras et qu'elle a ruiné ainsi des pans entiers de l'industrie (textile et orfèvrerie). La tolérance c'est le moyen de ne pas échauffer les esprits, car il constate plusieurs fois que plus on persécute une religion plus les fidèles s'y attachent et deviennent fanatiques.
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