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Critique de Pingouin


Foucault disait que les plus à mêmes d'analyser notre civilisation seraient des extraterrestres - quoique, finalement, il avouait que le fait qu'ils ne connaissent pas nos "us et coutumes" puisse être un problème des plus conséquents -, certainement, en disant cela, avait-il dans un coin de la tête ce conte de Voltaire, Micromégas.


Car c'est réellement l'histoire d'extraterrestres qui descendent sur la terre, le ton est posé dès les premières phrases : ils ont des dimensions physiques tellement immenses qu'elles nous en deviennent presque inintelligibles, ce qui m'a beaucoup fait penser à Rabelais et son Gargantua, dont Voltaire, tout lettré qu'il était, ne devait pas ignorer l'existence. Ce qu'il est intéressant de se demander, c'est d'où vient la pertinence de ce conte ? Comment, dans le grand esprit qu'avait Voltaire, cette idée a-t-elle pu germer ?
Nous en revenons toujours à ce qui est systématiquement constitutif de ses contes "philosophiques" - ceux qui auront lu ma chronique sur Zadig comprendront pourquoi je rechigne à lier ces deux mots -, l'envie de faire prendre conscience de leurs tares à ceux qui le liront. Et quoi de mieux, à ces fins, que des êtres pour qui nous sommes inconnus ? Des êtres qui porteront, de fait, sur notre existence, un regard vierge de toute opinion préétablie, un regard issu du chaos, un regard sincère.
Voltaire met donc en scène une rencontre entre les hommes que nous sommes et les extraterrestres qu'ils sont, et c'est peu dire dire que, comme toujours, il nous prouve son génie de la langue, son génie stylistique - permettez-moi le néologisme : son génie "subtilistique". de grands savants et philosophes confrontent ainsi leur pensée à ces inconnus, et c'est avec délice que l'on découvre comment l'auteur met en scène ces savants et philosophes - j'ai beaucoup apprécié lorsque, dans la panique de la rencontre des différentes natures, lesdits philosophes ne trouvent rien ne mieux à faire que de former un système.


Un récit court - à peine 30 pages, ce me semble - mais pas inintéressant pour autant, au contraire, le format est idéal et Voltaire s'en arrange à merveille. A lire, sans attendre un chef-d'oeuvre non plus, ma note prend évidemment en compte la brièveté du format et n'est pas à mettre en relation avec un pavé de plusieurs centaines de pages que j'aurais jugé digne du même nombre d'étoiles.
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