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Critique de 5Arabella


C'est la première pièce de théâtre de Voltaire, créé alors qu'il avait à peine 24 ans, et c'est l'oeuvre qui lança vraiment sa carrière littéraire. Elle a eu un très grand succès et le Régent, bon prince, alors que certains ont considéré que la pièce contenait des attaques contre sa personne, attribue une pension à Voltaire.

Le choix du sujet est ambitieux de la part d'un jeune auteur (mais l'ambition est souvent ce qui caractérise les jeunes auteurs), Sophocle et Corneille ont donné des pièces sur ce sujet, et donc Voltaire se mesure d'emblée à de grands maîtres, et dans une série de Lettres, critique ses illustres prédécesseurs, et en particulier Sophocle, à qui il reproche la pauvreté de son sujet, le manque d'action en un mot.

Nous voilà prévenus. Voltaire agrémente sa pièce d'une intrigue amoureuse entre Jocaste et Philoctète, venu à Thèbes après la mort d'Hercule. Cela semble un peu inutile et rappelle que le XVIIIe siècle est aussi le siècle du rococo, de la surcharge, qui fait peut être le lien entre le dépouillement du classicisme et les excès et le paroxysme du romantisme.

Voltaire fut le grand dramaturge du XVIIIe siècle, joué, admiré, considéré comme incomparable. Et cette partie de son oeuvre est aujourd'hui celle qui suscite le plus de réserves, elle est peu jouée. Trop au goût de son époque, elle n'a peut être pas pu dépasser celle-ci et toucher suffisamment à l'universel. En tous les cas, cet Oedipe.

L'écriture de Voltaire est incontestablement belle, et il maîtrise fort bien le vers, surtout compte tenu de son âge. Mais ses personnages sont un peu factices, et le tout manque à mon sens de puissance dramatique. Il n'y a pas assez d'affrontements réels entre les personnages, sauf peut être la scène entre Oedipe et Philoctète, et encore là, alors que Voltaire a introduit cette intrigue amoureuse avec Jocaste, la scène ne joue pas dessus, alors qu'une rivalité, une jalousie entre les deux hommes aurait parue logique dans le contexte.

L'expression des sentiments des personnages principaux du drame semble un peu trop polie, mesurée, convenue aussi. Cela manque de fureur, de sang, de larmes. C'est à la fois chargé (intrigue) et froid et mesuré dans l'expression d'une situation pourtant horrifique.

Le XVIIIe siècle n'est décidément pas un grand siècle pour le théâtre, enfin en tous les cas pas pour la tragédie. Un certain Marivaux lui apportant un véritable génie, mais dans un tout autre registre, très éloigné.
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