ŒDIPE : Le voilà donc rempli cet oracle exécrable
Dont ma crainte a pressé l’effet inévitable !
Et je me vois enfin, par un mélange affreux,
Inceste et parricide, et pourtant vertueux.
Misérable vertu, nom stérile et funeste,
Toi par qui j’ai réglé des jours que je déteste,
À mon noir ascendant tu n’as pu résister :
Je tombais dans le piége en voulant l’éviter.
Un dieu plus fort que toi m’entraînait vers le crime ;
Sous mes pas fugitifs il creusait un abîme ;
Et j’étais, malgré moi, dans mon aveuglement,
D’un pouvoir inconnu l’esclave et l’instrument.
Voilà tous mes forfaits ; je n’en connais point d’autres.
Impitoyables dieux, mes crimes sont les vôtres.
Acte V, Scène 4.
OEDIPE.
Tel est souvent le sort des plus justes des rois!
Tant qu'ils sont sur la terre, on respecte leurs lois,
On porte jusqu'aux cieux leur justice suprême;
Adorés de leur peuple, ils sont des dieux eux-mêmes;
Mais après leur trépas que sont-ils à vos yeux?
Vous éteignez l'encens que vous brûliez pour eux; "
Et, comme à l'intérêt l'âme humaine est liée,
La vertu qui n'est plus est bientôt oubliée.
Acte I, scène 3.
Le voilà donc rempli cet oracle exécrable
Dont ma crainte a pressé l'effet inévitable !
Et je me vois enfin par un mélange affreux,
Inceste et parricide et pourtant vertueux.
Misérable vertu, nom stérile et funeste,
Toi par qui j'ai réglé des jours que je déteste,
À mon noir ascendant tu n'as pu résister:
Je tombais dans le piège en voulant l'éviter.
Un dieu plus fort que toi m'entraînait vers le crime;
Sous mes pas fugitifs il creusait un abîme;
Et j'étais, malgré moi, dans mon aveuglement,
D'un pouvoir inconnu l'esclave et l'instrument.
Voilà tous mes forfaits ; je n'en connais point d'autres.
Impitoyables dieux, mes crimes sont les vôtres,
Et vous m'en punissez !...
Acte V, scène 6
Nos prêtres ne sont pas ce qu'un vain peuple pense : Notre crédulité fait toute leur science.
JOCASTE.
Que je suis malheureuse!
Tu connais, chère Égine, et mon coeur et mes maux.
J'ai deux fois de l'hymen allumé les flambeaux;
Deux fois, de mon destin subissant l'injustice,
J'ai changé d'esclavage, ou plutôt de supplice;
Acte II, scène 2