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Critique de Dossier-de-l-Art


Fruit d'une thèse de doctorat soutenue en 2014 à l'université Paris IV-Sorbonne, ce bel ouvrage vient tirer de l'oubli la carrière d'André Beloborodoff (1886-1965), architecte, peintre et scénographe qui, de la Russie des Tsars à la Rome des années 1960, porta sur la modernité un regard singulier en l'habillant d'un classicisme luxueux et élégant. Né dans les dernières années du XIXe siècle, il débute une carrière brillante d'architecte au coeur de la Saint-Pétersbourg impériale, oeuvrant pour une prestigieuse clientèle qui, du prince Youssoupoff au tsar Nicolas II, est séduite par son approche néoclassique. Lorsque le pays voit rouge, il gagne Londres puis Paris où il rencontre des décorateurs, tels Jean-Michel Frank et Emilio Terry, ainsi que des personnalités comme Paul Valéry et Jean Cocteau, des fréquentations qui lui ouvrent les portes de la meilleure société. Parmi les chantiers qui bientôt affluent, celui du château de Caulaincourt dans l'Aisne synthétise parfaitement sa pensée architecturale. L'édifice historique ayant été dynamité par les Allemands en 1917, Beloborodoff érige entre 1931 et 1934 un nouveau château pastichant à la fois un palais pétersbourgeois et une villa palladienne tout en usant du béton armé et du ciment chers aux fonctionnalistes. Sa découverte de l'Italie dans les années 1920 et sa rencontre avec Giorgio de Chirico et Salvador Dalí viennent nimber ses vues architecturales de métaphysique et de surréalisme. Acclamé par l'élite d'alors mais largement effacé aujourd'hui au profit des créateurs de l'avant-garde, le nom d'André Beloborodoff erra longtemps dans les limbes. Progressivement remis à l'honneur depuis un article de 2004, il incarne aujourd'hui une nouvelle facette de la modernité.

Par Olivier Paze-Mazzi, critique parue dans L'Objet d'Art 559, septembre 2019
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