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Critique de traversay


"Une rétrospective est une oeuvre de fiction, mais elle ne contient aucun épisode imaginaire" écrit Juan Gabriel Vásquez dans sa postface à Une rétrospective, qui pourrait bien être son meilleur livre. L'affirmation de l'auteur ressemble à un paradoxe mais n'en est pas un, eu égard à la forme qu'il a souhaité donner à son récit, conçu autour de la vie de Sergio Cabrera, cinéaste colombien reconnu et bien vivant (Perdre est une question de méthode, La stratégie de l'escargot) et de sa famille. Tout ce qui est arrivé au héros d'Une rétrospective est relaté fidèlement, la fiction se chargeant de modeler et de tailler dans les nombreuses péripéties qui ont affecté la vie de Cabrera, dans ses 20 premières années et des poussières. Si le roman commence en 2016, lors d'une rétrospective de la cinémathèque de Barcelone consacré au réalisateur, alors âgé de 66 ans, ce n'est que pour mieux nous conter son enfance, son adolescence et ses premiers pas de jeune adulte dans un tourbillon d'aventures rocambolesques et inouïes, qui pourraient sembler invraisemblables si elles n'étaient pas vraies. Après avoir quitté l'Espagne de la guerre civile, la famille de Cabrera, politiquement très à gauche, va finalement se retrouver dans la Chine de Mao, en particulier pendant la période terrible de la Révolution culturelle. Comment Sergio, ses parents et sa soeur, tous acquis à la cause communiste, vont vivre ces années, à la fois comme privilégiés et suspects car étrangers, est raconté de manière prodigieuse et foisonnante par l'auteur, dans un véritable exercice d'immersion. La suite n'est pas moins passionnante avec le récit des combats menés par la guérilla maoïste en Colombie, à la fin des années 60 et le début de la décennie suivante. Ce qui ressort de ces incroyables épopées est un sentiment amer et douloureux, décrit avec une lucidité telle qu'elle ne peut être précisément que celle exprimée par Cabrera lui-même, recueillie et admirablement retranscrite par Juan Gabriel Vásquez. Celui-ci, à l'instar d'un Cisneros, d'un Carrère ou d'un Cercas, est de la stature de ces écrivains qui ont le talent rare d'écrire sur des vies réellement vécues pour en tirer des livres où le romanesque s'épanouit dans toute sa splendeur.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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