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Critique de pleasantf


Livre après livre, Eric Vuillard renouvelle la figure de l'écrivain engagé. Même s'il a entamé l'écriture de ce livre avant le début du mouvement des gilets jaunes, sa parution début janvier n'est pas fortuite et résonne avec l'actualité sociale. Que ce renouvellement se fasse en se penchant sur des évènements des XIVème et XVIème siècles me semble intéressant.
Vuillard crée un récit à partir de sources historiques. Il incorpore les faits historiques dans un récit raconté de manière très contemporaine (dans un style parfois relâché et décalé comme ceci : "on ne sait pas s'il avait pris une mornifle ou le coin d'une bûche sur la gueule"). Il rajoute ici et là de quoi faire tenir debout son histoire mais il ne prétend pas écrire une fiction. Son histoire tient en un peu plus de 60 pages seulement. Je suppose que la documentation disponible ne permettait pas d'en faire beaucoup plus. Et cela permet de s'en tenir à l'essentiel, en ne s'appesantissant guère sur les échecs des rébellions qu'il décrit et en pouvant conclure sur une note d'espoir, sur une promesse d'une victoire à venir.
Ce que Vuillard décide de faire saillir de son récit, même de manière anodine, n'est justement pas anodin. Dans le récit historique, il met en avant plusieurs fois le sujet du choix de la langue vernaculaire dans les célébrations ou les textes chrétiens par opposition à l'usage habituel du latin. le langage est présenté ici par Vuillard comme instrument de l'exercice du pouvoir ou au contraire comme moyen de libération. Et il me semble que cette problématique du langage propre au pouvoir ou à l'élite est tout à fait actuelle. Autre exemple lorsque Vuillard évoque la naissance de l'imprimerie en Allemagne. Il ne fait aucun développement didactique sur le sujet mais on comprend le rôle essentiel qu'a joué l'imprimé dans les tentatives d'émancipation. Et derrière cette évocation de l'imprimerie, je vois une réflexion de Vuillard sur sa propre figure d'écrivain et sur la capacité de la littérature à dire le monde et à penser un monde alternatif.
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