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Critique de PG35


Couvert de louanges par une bonne partie de la critique, ce petit livre est déconcertant. Sur la couverture figure un sosie de Bernard Musson, troisième couteau du cinéma français spécialisé dans les rôles de majordomes, de garçons de café et de laquais compassés et ridicules. Un fume-cigarette désuet entre ses lèvres pincées, l'oeil fixé sur la ligne bleue des Vosges, le sosie semble pensif. Il s'agit du général de Castries, tristement connu pour avoir commandé le camp retranché de Dien Bien Phu, dont la chute marqua le début de la fin de la guerre d'Indochine en 1954.
Sans être un ouvrage historique, ce « récit » évoque certains aspects de cette guerre. Comme l'écrit BibliObs, Vuillard a une lecture marxiste de l'histoire. Son livre s'ouvre sur la façon inhumaine dont les travailleurs des plantations d'hévéas étaient traités avant la guerre. Il se poursuit sur le débat parlementaire qui suit le désastre de Cao Bang en 1950 : les intervenants sont de vieilles badernes ou des pantins grotesques, à l'exception de Pierre Mendès-France. Celui-ci entrevoit avec clairvoyance la nécessité d'engager des négociations afin de mettre fin à une guerre que la France n'a pas les moyens de gagner. Sa proposition est accueillie par les cris d'orfraie des badernes et des pantins. Vuillard évoque ensuite la conférence de presse du général de Lattre aux Etats-Unis, s'attachant essentiellement au manque de cohérence de ses propos, lié à ses difficultés d'expression en anglais. Il s'intéresse à petite taille du général Navarre et accessoirement à sa nomination comme commandant en chef en Indochine, ainsi qu'à ses plans pour lutter contre le Vietminh. L'implantation d'un camp retranché à Dien Bien Phu, l'encerclement de celui-ci, la bataille (brièvement évoquée), les hésitations tactiques du pauvre petit Navarre et l'assistance proposée par les diplomates américains constituent une quatrième partie. La réunion du conseil d'administration de la Banque d'Indochine, dont les membres (bouffons aristocratiques méprisants et cyniques) se félicitent de l'augmentation du dividende vient ensuite. Quelques pages sur la chute de Saïgon en 1975 clôturent l'ouvrage, avec la mention des 3,6 millions de morts au cours des deux guerres côté vietnamien – on cherche vainement une allusion aux boat people ou aux Khmers rouges.
Bref, ceux qui connaissent l'histoire de la guerre d'Indochine n'apprennent rien. Ceux qui s'y intéressent feraient mieux de lire le triptyque épique de Lucien Bodard ou les livres de Philippe Franchini. L'écriture de Vuillard est souvent pénible, les phrases sont interminables et le vocabulaire parfois vulgaire. On peut sans difficulté sauter pas mal de passages. Dernier point : ce livre de petit format coûte trois fois le prix d'un livre de poche et se lit en 90 minutes.
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