AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 974JerLab34


Vuillemin ! J'avais perdu de vue le garnement ! Mes Échos des Savanes, égarés dans le grenier, sont les probables victimes de quelques rongeurs qui vengent ainsi leurs caricatures.
Les « Sales Blagues » signées Vuillemin, je me les gardais pour la fin : la cerise sur le scato ! Les « Sales Blagues » constituaient une mine inépuisable de private joke. Combien de parents d'élèves auraient éprouvé une furieuse envie de dénoncer au rectorat ces jeunes enseignants, frais émoulus de l'Ecole Normale, s'ils avaient su que ces piètres gardiens de la tradition des blouses noires ponctuaient leurs rencontres des très aériens « C'est qui, BOB ? » ou encore « Je le mets dans le cratère ou je le donne à bouffer au dindon » ?
Même si une force tranquille, dont on apprendrait bientôt le passé trouble, avait indéniablement contribué à décorseter les tabous, la pudibonderie était encore prégnante. L'hypocrisie de ces bons pères de famille qui fréquentaient l'église et les bordels, voire les pissotières, n'avait d'égale que l'ignominie des marchands de sommeil qui pestaient contre les métèques tout en les exploitant ou bien encore, l'ignorance des piliers de comptoirs qui, du haut de leurs 12 pastis quotidiens, dénonçaient les ravages du « hakik ».
Dans ce contexte conservateur, les provocations de Choron, Cavanna et autres Delfeil de Ton avaient des vertus dépoussiérantes. Les feutres de Wolinski, Siné, Cabu et Willem secouaient les cocotiers de la pensée réactionnaire. Si Reiser était le pape de la ligne crade, Vuillemin restait son évêque le plus sévèrement mitré.
Est-ce l'air nauséabond de ces derniers mois, les remugles d'un hexagone peuplé de Dupont Lajoie qui oublient ce que la patrie des droits de l'homme (si ! si !) doit aux ritals, aux espingouins, aux ruskoffs, aux bougnoules, aux niakoués, aux bamboulas ? Est-ce ces piètres avocats qui convoquent Rabelais dès qu'un gougnafier césarisé cède à ses pulsions ? Est-ce ce défilé de faux-culs de tous bords qui tentent de justifier leurs renoncements au nom de la prétendue opinion publique ? Avec un tel argument, la guillotine serait encore régulièrement huilée… Les pédés et les gouines seraient raillés au mieux, persécutés au pire, ces gens-là ne sont-ils pas malades et de surcroît potentiellement contagieux ? Les gosses seraient élevés à grand coup de ceinturon… On organiserait encore des concours de Miss et des lancers de nains (pas au même moment tout de même)…
J'ai donc retrouvé avec soulagement Philippe Vuillemin (tiens ! Il avait donc un prénom !), toujours aussi sale gosse. Moi, par contre , je suis devenu un respectable grand-père, cheveux sages, raisonnable, j'ai même voté Macron… « Au bar de l'hôtel des trois faisans, avec maître Jojo… ».
Alors qu'y a-t-il dans ce « Y'a pas photo ? » ? Tout ce qui faisait la réussite des sales blagues mais cette fois sur une seule page : de l'humour trash repoussant très loin les règles de la bienséance, et quand on parle de règles avec Vuillemin, on est généralement servi ! Les perversités multiples et variées préoccupent toujours autant notre olibrius, et, progrès oblige, les nouvelles technologies de l'information, les barbus et le réchauffement climatique attisent également sa verve. Quelques grands personnages historiques et des monuments de la littérature sont revisités et le voyage vaut le détour. Vuillemin, c'est le copain de collège que l'on appréhendait un peu de retrouver pour finalement constater qu'il n'a pas changé. Que notre monde non plus d'ailleurs et son cortège de bassesses, de violences, d'obscurantisme. Plutôt que de céder à la déprime, autant essayer de se marrer pour conserver la gnaque. le coach Vuillemin est en forme olympique, ça tombe bien, cette année devrait lui fournir quelques nouvelles sources d'inspiration.
Seule concession au temps qui passe, les petits-enfants restant encore quelques jours à la maison, je vais placer cet opus hors de leur portée, alors qu'autrefois, j'exhibais volontiers ces signes extérieurs d'humour bête et méchant. Il ne manquerait plus que je me fasse engueuler par les enfants, comme disait l'autre « on vit une époque formidable ».
Je remercie très chaleureusement les éditions « Les échappés » et Babelio pour l'envoi de cette Masse critique, cette fumante et donc délicieuse, Madeleine de prout…
Commenter  J’apprécie          215



Ont apprécié cette critique (21)voir plus




{* *}