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Critique de ManouB


Un jour sur le chemin de l'école, Béa, cinq ans demande innocemment à son père "Pourquoi tu danses quand tu marches ?".
Aden est pris au dépourvu et ne sait que lui répondre. Puis peu à peu il va trouver les mots, ceux qui font encore mal et qui décrivent son enfance meurtrie, ceux qu'il faut qu'elle connaisse pour savoir d'où elle vient et puisse elle-aussi se construire.
Il va laisser remonter les souvenirs de son enfance à Djibouti dans les années 70, et renouer avec l'enfant qu'il a été.
Enfant malingre, pleurnichard et toujours malade, en recherche constante d'attention, il ne connaitra la tendresse qu'auprès de sa grand-mère Nadifa, surnommée Cochise parce qu'elle est issue d'une tribu nomade et qu'elle est le chef de famille. Zahra, sa mère est très jeune et n'a pas beaucoup de patience. Elle le confie à qui veut bien de lui. Amine, son père, surnommé Papa la Tige, rêvait d'un fils qui soit solide, ce n'est pas le cas, il se détourne de l'enfant. Son travail l'accapare (il vend des bibelots aux touristes) et il rentre très tard le soir, décevant le petit enfant qui l'attend et pleure seul dans son lit. En ce temps-là, les hommes ne s'occupaient pas de la maison ni des enfants, ils étaient nombreux à ne penser qu'à leur travail. Il faut dire aussi qu'ils étaient souvent les seuls à rapporter l'argent nécessaire pour la famille.
En grandissant, alors qu'il est toujours aussi sensible et qu'il se sent différent, Aden va devenir le bouc émissaire des autres enfants qui n'hésitent pas à le harceler, en particulier Johnny, le petit caïd de la cour de récré. C'est ainsi qu'un jour, à sept ans, il se fait bousculer violemment.
A cause de ses blessures mal soignées, il contracte la polio, cette maladie qui a sévi dans son pays par manque de soins préventifs et en particulier de vaccination. Des années après, le mal est fait et il faut bien vivre avec sa patte folle, cette jambe qui ne le suit pas et qui lui donne cette démarche particulière.
C'est un enfant très seul, qui a appris à raser les murs pour ne pas se faire remarquer et donc moquer.
Heureusement, son institutrice Madame Annick, venue de France, va lui donner l'amour de la lecture et des mots ce qui va l'aider à grandir, à relever la tête, à accepter son handicap et à ravaler sa rage.

C'est un roman émouvant sur le handicap. Il n'est jamais triste car l'auteur ne s'épanche pas sur l'injustice de la vie, il expose des faits sans pathos et nous parle avec beaucoup de pudeur et de tendresse pour son personnage, du handicap lié à cette terrible maladie.
La relation qui unit ce jeune garçon à sa grand-mère est tout simplement magnifique. Elle lui donne confiance en la vie et des clés pour mieux se défendre, tout en lui donnant le goût des mots en lui racontant des histoires, elle qui ne sait ni lire, ni écrire. Devenu père, il ne cessera jamais, à son tour, de chercher et trouver les mots pour parler à sa fille.
Ce roman est donc aussi un roman d'apprentissage qui met l'accent sur l'importance de la transmission intergénération.
Le lecteur va apprendre beaucoup de choses en lisant ce roman, car l'auteur part dans le passé et l'Histoire de son pays (et du nôtre). Il nous plonge dans l'époque de la colonisation et les conditions de vie difficiles dans les TFAI (Territoire Français des Afars et Issas).
Un livre que j'ai découvert avec grand plaisir...
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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