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Critique de gavarneur


La littérature n'est pas, pour le lecteur, un sport de combat. Je n'aime pas trop lire dans une critique : choc, claque, gifle, secouer. Mais ce livre m'a laissé abasourdi, intensément ému et indigné. Ce n'est pas vraiment une autobiographie* : Richard Wagamese n'a pas été un hockeyeur génial, et n'a pas, enfant, vu partir ses parents et mourir sa grand-mère dans la neige. Je ne sais pas s'il a subi lui-même tout ce qu'il décrit dans ce pensionnat catholique. Mais ces horreurs se sont produites partout, il y avait non seulement une vraie volonté de détruire chez les jeunes autochtones toute trace de leur culture, en les arrachant à leurs familles, mais aussi d'autres abus abominables. le gouvernement canadien a mis bien du temps à le reconnaître, certaines églises protestantes aussi. Quant au pape... il ne veut pas qu'on lui force la main, et « seuls 16 des 61 diocèses canadiens étaient impliqués, ainsi qu'une trentaine de congrégations sur plus de cent dans le pays. »** , donc il ne présente pas d'excuses au nom de l'église.
Et le roman? Je ne suis pas particulièrement admiratif du style, simple et classique. Mais la construction est d'une efficacité redoutable. S'enchaînent une belle histoire familiale et fantastique, la description très dure des sévices infligés par des religieux fanatiques d'une bêtise crasse, un début de rédemption par le hockey, la chute morale causée par des canadiens racistes ordinaires d'une bêtise crasse. Et la suite que je vous laisse lire, car le plus fort reste à venir.
J'ai été accroché au récit d'un bout à l'autre, ressentant les difficultés, les espoirs, la joie, la haine, la déchéance, la rédemption du jeune Saul Indian Horse, et vraiment c'est un témoignage qui donne envie de se révolter. La magie du hockey sur glace est donnée en plus, même pour un français qui connaît peu ce sport il y a des moments magiques, l'exaltation de la vitesse, de la force et la vision du jeu nous sont partagées pour des pages de grand bonheur.
Lecture obligatoire ? Pas autant que Primo Levi, mais peu s'en faut..

*  « I did not speak my first Ojibwa word or set foot on my traditional territory until I was twenty-six. I did not know that I had a family, a history, a culture, a source for spirituality, a cosmology, or a traditional way of living. I had no awareness that I belonged somewhere. »
**La Croix, 2 mai 2018. le pape et l'église ne me semblent pas mériter de majuscules.
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