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Critique de Lhotseshar


Ce livre était offert avec l'abonnement des Moutons électriques et fut tiré à 360 exemplaires. Il s'agit d'un recueil constitué d'une sélection de nouvelles peu courantes de Roland C. Wagner, dont une inédite. Les textes sont présentés dans l'ordre chronologique de parution. Ce recueil est une compilation de 15 textes très divers dans leur longueur ou dans leur contenu, mais les différentes nouvelles ont un ton et une liberté d'expression que l'on reconnait dans tous les textes de l'auteur. On note ainsi sa capacité à écrire de manière très cash, directe, de surprendre le lecteur dans ses différents textes. L'auteur est aussi porté sur le monde musical, et cela se retrouve dans plusieurs nouvelles.

Piquer Piquer Collecter est un texte court, mais qui propose une idée amusante, d'un pauvre vendant ses organes et membres afin de survivre, puis de se lancer dans le commerce d'organes à grande échelle dans un monde capitaliste sans trop de morale, avant de se refaire son corps d'origine en retrouvant toutes les parties de son corps précédemment vendues. La fin est assez prévisible, mais le texte est une véritable curiosité dans son ensemble.

A la saignée du coude nous décrit un trip assez glauque, alternant paroles des Rolling Stones et description des symptômes du bad trip. Très hermétique pour moi. Quand la musique est finie est un court texte un peu sur le même modèle, un bref récit alternant paroles des Doors et ce qui semble être un trip encore plus opaque que le précédent.

Septembre, noyé sous la neige est un texte (trop) court, parlant de la misère et du calvaire d'une femme, veillant seule sur un vieillard agonisant. Elle réfléchit à ce qui fait sa vie, dans une dictature où les « improductifs » n'ont rien à faire, et passent leur temps comme ils peuvent. La fin est aussi prévisible. Un texte dont l'univers aurait pu être plus développé, car il présente pas mal d'ingrédients d'une dystopie assez flippante, car certains aspects sont des traits à peine grossis de la vie contemporaine.

Faire part est un texte assez confus sur une sorte de bad trip au sens du voyage, il s'agit justement d'une traversée très bizarre de Paris sous LSD. Un peu trop opaque aussi pour moi.

Lèvres peintes est un texte assez spécial, sur le corps de la femme, sur la prostitution aussi. Il décrit les hésitations et interrogations d'un voyageur stellaire de retour pour retrouver la femme qu'il a aimé, une prostituée dont le corps n'a pas changé, sous l'effet d'un traitement médical. le texte parle des changements physiques, de l'absence des sentiments, et de la monétisation du corps.

Les enfants meurent en souriant est un texte d'une certaine longueur, mais dans lequel j'ai eu un mal fou à rentrer, et à vrai dire je n'ai pas trouvé de fil auquel me raccrocher.

Chaque nuit est un texte assez curieux, où l'on ne comprend pas grand chose de l'environnement urbain dans lequel il se déroule. Il m'a cependant fait penser à du Lovecraft, mais d'un mélange curieux entre un récit des contrées du rêve et un récit d'horreur classique de l'auteur. Assez réussi.

Fragment du livre de la mer est un récit sur l'écologie marine, qui raconte la rencontre insolite entre le capitaine d'un gros navire de pèche du futur, seul à bord de son chalutier-usine, et d'une créature repéchée de l'océan dans ses filets. C'est un beau texte, mais dont le fond est très sombre avec l'état de destruction actuel des océans.

Pour une poignée de caillou est un récit insolite et amusant, dans lequel les dragons habitant un royaume imaginaire se voient dérangés par l'arrivée d'une créature horrible dans leur monde. C'est un sympathique récit très court inversant les rôles habituels du récit de fantasy.

La chanson de Jimmy est un récit bref sur la théorie du complot, qui conte les rencontres entre un auteur écrivant sur les extra-terrestres et un de ses lecteurs, pris malgré lui dans un complot visant à étouffer les rumeurs sur l'existence des petits hommes verts. Sympathique, mais un peu court.

De la part de Staline est un récit uchronique curieux. Il décrit l'expédition de 3 jeunes entre la France séparée en 2 parties (comme la France occupée et la France libre de 1940 à 1942), mais ici la partie nord est plutôt communiste et la partie sud est plus plaisante à vivre. Un peu court, aurait mérité un traitement un peu plus long, mais l'inversion des rôles est interessante.

Tout le monde a un poids est un récit court auquel je n'ai pas accroché, ne comprenant pas grand chose.

L'été insensé est le dernier texte du recueil, celui qui donne son titre au livre. C'est un récit sur les relations entre 2 cinéastes amateurs dans une uchronie années 60 dans laquelle le Général de Gaulle a été assassiné dans l'attentat qui le visait au Petit-clamart. Il raconte la virée sur Biarritz des 2 jeunes, pour réaliser un film / reportage très pro sur une nouvelle mouvance, associée à un concert de musique nouvelle. C'est sympa, ça fait penser à une sorte de croisement entre Woodstock et le rassemblement du Larzac, mais le récit est un peu décousu, comme les pensées des protagonistes ingurgitant diverses substances, et rend l'histoire assez paumatoire. le final est par contre bien fait.

Ce recueil est au final très éclectique, il réunit des récit écrits par Roland C. Wagner entre 1981 et 2012, mais on retrouve de nombreux points communs dans ces textes : des personnes souvent torturées, qui usent voire abusent de substances, des destinées cruelles, et une noirceur assez tenace. Je suis passé à travers plusieurs histoires, trop je trouve, d'où une certaine déception, mais plusieurs nouvelles valent bien le coup, et montrent l'imagination débordante de l'auteur. Dommage que certains récits soient si opaques, certains auraient mérité un peu plus de développement pour être plus intelligible.
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