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Critique de Edouard22


Nous avons avec Simon, le personnage principal, une personne à la fois ectoplasmique et papillonnesque, savoir sans personnalité affirmée et toujours désireuse de vivre de l'air du temps, dans l'instant présent, refusant de "s'installer" dans la société et dans la vie et, par conséquent, indigente permanente, détachée des considérations matérielles. Cela n'empêche pas cette personne d'intéresser les femmes, ou des femmes tout du moins, ainsi d'ailleurs que nous, lecteurs. Mais en même temps, et surtout, ce Simon est un véritable poète voyant et chantant la beauté partout.
Eh bien il y a beaucoup d'autobiographie dans ce roman, "Les Enfants Tanner", où l'on trouve nombre d'éléments propres à Robert Walser et à sa fratrie.
L'auteur a vécu comme cela, par choix délibéré, et il s'est affirmé comme un authentique poète. Ce qui est très curieux c'est que l'on trouve dans ce roman des événements de sa vie passée, mais aussi de sa vie future. Ainsi du personnage Simon, qui entreprenait des marches de nuit, en toutes saisons, pour aller d'une ville à une autre dans un environnement de montagne, ou de semi-montagne, ou encore du jour où, marchant dans la neige l'hiver il trouve à l'orée d'une forêt le cadavre d'une connaissance, morte de froid. Or, près de cinquante ans plus tard, en hiver, Robert Walser a quitté l'asile où il vivait pour marcher dans la neige jusqu'à épuisement et jusqu'à décéder. Peut-être avait-il des obsessions qui ont transparu dans ses romans et qu'il a ultérieurement mises en oeuvre.
On l'a compris, Robert Walser avait une certaine bizarrerie, pour le moins, mais, bizarrerie, fragilité ou souffrance, n'est-ce pas le lot de bien des artistes, et même pour certains une condition profonde de leur génie ?
Toujours est-il qu'avec "Les Enfants Tanner" Robert Walser nous réjouit d'une prose lyrique, ailée même, d'extrêmes légèreté et fluidité, et donc sans verbosité excessive ni lourdeur. Nous avons même entre les mains, la plupart du temps, de la véritable poésie et de la plus haute tenue. Tous les lecteurs ne sont pas nécessairement amateurs de lyrisme ou de poésie, mais personnellement ce style m'enchante : c'est si rare ! Robert Walser a eu une carrière productive relativement courte, mais quelle beauté !
La traduction par Jean Launay sert admirablement l'oeuvre.
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