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Critique de Albertine22


L'embarquement pour Porto Vergogna ne ressemble en rien à celui pour Cythère ! Ce petit village de pêcheurs de sardines et d'anchois, doté d'un unique hôtel-restaurant qui ne compte que de très rares clients, n'a pas les atouts des ses voisines des Cinq Terres, Portovenere ou Riomaggiore. le seul fidèle est Alvis qui vient rituellement passer quinze jours chaque printemps pour avancer son roman sur la Seconde Guerre Mondiale. Il s'emploie surtout pendant cette période à aligner les verres sur le comptoir plutôt que les lignes sur le papier.

Nous sommes en 1962, Pasquale Tursi, 21 ans, vient de reprendre la tête de ce minuscule "Hotel adequate view" et se lance dans des travaux dignes de Sisyphe : fortifier la digue existante pour créer une plage et aplanir un terrain pour le transformer en terrain de tennis... Rêves fous que les habitants observent avec une ironie bienveillante. A croire pourtant que rêver n'est pas vain puisque débarque une jeune actrice américaine, Dee Moray. Elle a quitté précipitamment le tournage de "Cléopâtre" avec Elisabeth Taylor et Richard Burton et une aura de mystère entoure la raison de sa "retraite" dans ce lieu isolé. En fait, sa fuite a été orchestrée par Michael Deane, assistant de production, en fait un "nettoyeur" chargé par la Fox de faire en sorte que le film, devenu un vrai gouffre financier, s'achève dans les plus brefs délais.

le deuxième chapitre nous transporte de nos jours à Hollywood. L'histoire est à présent racontée par Claire Silver, assistante en chef du vieillissant Michael Deane, qui en est réduit à produire de la télé-réalité bas de gamme. Elle désespère , elle qui "voulait faire des films intelligents et émouvants". La jeune femme envisage de changer de métier quand surgit du passé Pasquale Tursi, à la recherche de l'actrice qui a illuminé brièvement son existence avant de disparaître mystérieusement.

Jess Walter joue avec maestria sur la chronologie, il enchaîne des épisodes allant de la Seconde Guerre Mondiale à notre époque contemporaine pour mieux nous faire appréhender chacun des personnages. Il entremêle le vrai et le faux, nous fait découvrir un Richard Burton, aussi charismatique que destructeur, un milieu du cinéma où les acteurs commencent à devenir des légendes, légendes savamment orchestrées par les productions.

Certains personnages, comme Pasquale ou Dee, sont profondément romanesques, deux papillons de nuit que la lumière a brûlés mais capables de résilience. La fin du roman est un pied de nez au cynisme, au pouvoir corrupteur de l'argent, à l'érosion des corps et des sentiments.

Un roman à la construction d'une grande intelligence, aux multiples personnages qui tous trouvent leur place dans ce puzzle narratif !

Une lecture enthousiasmante !
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