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Critique de sylviedoc


Je suis assez mitigée concernant ce roman... J'aime beaucoup les polars de Minette Walters (surtout les premiers que j'ai trouvés vraiment haletants et avec un ton bien particulier, différent des autres auteurs du genre). Mais je crois qu'elle n'est pas aussi à l'aise dans le roman "historique", peut-être parce que c'est son premier de cette catégorie. Beaucoup l'ont déjà écrit ici, cela manque sérieusement de contexte, on ne s'y retrouve pas entre les Normands, les Saxons et les autres, pourquoi des Français sont-ils régisseurs de domaines du Dorset, que se passe-t-il ailleurs en Angleterre pendant ce temps...enfin bref, un peu frustrée de ne pas avoir appris grand-chose sur l'histoire anglaise de cette époque. On me répondra que je n'ai qu'à chercher des renseignements, mais j'apprécie quand je lis un roman dit "historique" de constater que l'auteur a pris la peine de se documenter pour situer son action et donner des repères aux lecteurs un peu ignares comme moi !
Pour en rajouter une couche dans les reproches, j'ai trouvé Lady Anne vraiment extraordinaire, à tel point que c'en est presque incroyable : à l'âge de 14 ans, sortant du couvent, elle a réussi à prendre l'ascendant sur son (horrible) seigneur de mari et à rallier tous les habitants du domaine à ses idées derrière le dos du mari en question. Alors, pour sûr ses idées avancées en matière d'asepsie, d'instruction des masses laborieuses et d'hygiène de vie sont tout à son honneur, mais j'ai du mal à croire qu'elle ait réussi à imposer tout cela aussi facilement en ces temps où l'obscurantisme des esprits l'aurait fait condamner comme sorcière rien que par ses paroles "hérétiques" (par exemple quand elle explique que ce n'est pas Dieu qui apporte la pestilence pour punir les péchés, la maladie frappe indistinctement bons ou mauvais chrétiens). Bref ce côté trop parfait m'a agacée par moment. Par contre je veux bien croire qu'il y ait eu des seigneurs comme Sir Richard, inculte, noceur et violent, sautant sur tout ce qui porte jupon et engrossant allègrement les servantes ou autres jouvencelles se trouvant sur son chemin, la contraception ayant encore beaucoup de chemin à faire à l'époque. Heureusement, là encore, Lady Anne veillait !
J'en ai fini des récriminations, passons maintenant à ce qui m'a plu, et ce n'est pas un aspect négligeable. Et d'abord, j'aime l'écriture de Minette Walters, je la trouve agréable, fluide à lire, ses chapitres ont la bonne longueur et alternent agréablement entre les différents aspects de l'histoire : notamment à partir du moment où le protégé de Lady Anne, Thaddeus, quitte l'enceinte protégée de Develish avec cinq adolescents un peu turbulents, tous fils des serfs chefs du village. Ils ont eu le tort de se laisser entraîner dans des jeux pas vraiment catholiques par la jeune Eleanor, fille de Sir Richard et Lady Anne, et dans l'église qui plus est ! Pour leur sauver la mise et leur apprendre un peu la vie, Thaddeus les emmène en quête de nourriture, car la disette se profile au domaine. On suit en parallèle leur quête dans la région dévastée par la pestilence et l'évolution de la situation au manoir, où les serfs désoeuvrés tentent de combattre l'ennui et où Eleanor sombre dans la psychose. On la déteste, mais on ne peut s'empêcher de la plaindre un peu aussi : depuis que son père est mort devant les murs du domaine, son épouse ayant refusé de le laisser rentrer au risque de contaminer ses gens, plus personne ne lui accorde d'attention. Il lui faut donc attirer les regards sur elle à coup d'outrances et de provocations, ce qui la fera passer pour encore plus sotte qu'elle n'est.
Ces deux récits alternés donnent davantage de rythme au roman, j'y suis mieux rentrée à partir de ce moment-là et je suis arrivée assez vite à la fin. Bien sûr, j'espère une suite, mais je l'espère aussi plus travaillée, avec une psychologie des personnages affinée et plus crédible. En attendant, je retrouverai avec plaisir Minette Walters dans son registre habituel.
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