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Critique de Dionysos89


Les couvertures froncent et l'uchronie énoncée comme un « Subtil changement » par Jo Walton prend là son dernier virage puisqu'elle conclut sa trilogie avec Une demi-couronne.

L'Histoire n'attend pas et une fois son rouleau compresseur enclenché, il ne s'arrête plus. Dans cette uchronie où le Royaume-Uni s'est très vite arrangé des invasions allemandes et japonaises de 1940, nous sommes déjà en 1960 pour découvrir que Londres et ses alentours plient de plus en plus sous le joug des antisémites, des autocrates et des fascisants. À l'occasion d'une conférence internationale, les événements se bousculent autour de la « Gestapo britannique », le Guet. L'auteur réécrit la Guerre froide, avec l'Allemagne et le Japon se partageant le monde, alors que les États-Unis et l'ex-URSS ont été dévastés.
Dans ce contexte maintenant bien implanté puisque c'est un troisième tome, après ses déboires pour étouffer certaines affaires, cacher son homosexualité, faire face aux chantages et de temps à autre sauver quelques juifs du terrible destin qui leur est concocté par le gouvernement de Mark Normanby qui se rapproche d'Adolf Hitler, nous retrouvons Peter Carmichael qui dirige désormais le Guet, équivalent britannique de la Gestapo avec le même type de pouvoirs élargis. Comme dans chaque tome de cette trilogie, et saluons au passage la constance de l'auteur, Carmichael n'est pas le seul narrateur et cette fois encore, c'est une femme, Elvira Royston qui n'est autre que la petite fille qu'il a adopté après les événements du deuxième tome. Cette dernière a bien grandi et ouvre doucement mais sûrement les yeux sur la société britannique qu'elle intègre par la porte aristocratique.
Avec « Half a Crown », c'était ce coup-ci beaucoup plus simple de choisir le titre pour l'éditeur, car la double allusion à la monnaie et à la monarchie fonctionne aussi en français. L'expression est d'ailleurs plusieurs fois replacée par l'auteur dans le texte, comme si c'était un mot-code pour rappeler que l'intrigue va avancer à tel moment-clé. C'est vrai qu'il y a besoin de temps à autre, car en se laissant bercer, l'histoire de Carmichael a un petit creux en milieu de roman, mais finalement l'intrigue reprend de plus belle quand les enjeux deviennent beaucoup trop grands : les deux héros sont noyés entre la Résistance qui commence à s'organiser, le gouvernement qui se fait de plus en plus autocratique et la « bonne société » qui ne fait rien pour contenir les élans fascistes des foules.

Comme dans les deux précédents volumes, cela commence doucement et bon enfant, puis tout s'accélère vers les deux tiers du roman au point que le lecteur se demande bien comment l'auteur va conclure son intrigue, et finalement quand le dénouement survient, on regrette de n'avoir que ces quelques pages à se mettre sous la dent. Pour finir sur une considération générale de cette trilogie, Jo Walton a tenu bon pendant trois tomes pour faire comprendre combien un si « subtil changement » peut tout faire basculer dans la vie de millions de personnes des réactions desquelles dépendent notre avenir. Cela peut être instructif dans le contexte troublé qui nous attend…

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