Citations sur Une demi-couronne (7)
Les débutantes se succédèrent longtemps devant le trône. Dès qu'elles avaient terminé leur révérence, elles se redressaient et reculaient d'un air soulagé. Les personnes qui les avaient présentées semblaient alors aussi soulagées qu'elles. Complètement puérile à mes yeux, cette cérémonie avait une fonction bien précise. C'était l'affirmation d'une classe sociale, et pour les jeunes filles, la confirmation de leur passage à l'âge adulte : à partir de maintenant, elles étaient bonnes à marier. Si mon anthropologue hottentot y avait assisté, il aurait tout de suite compris de quoi il retournait.
A dix-huit ans, j'avais toujours deux façons bien distinctes de m'exprimer : la bonne, celle qui allait avec mes vêtements et mes cheveux et qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à l'élocution de Betsy Maynard, et celle de mon enfance, beaucoup moins convenable, avec son accent londonien aux inflexions cockney. Quoi que je fasse, je ne parviendrais jamais à effacer mon passé, pas complètement.
Le Premier ministre encourageait ce culte de la personnalité. En dédicaçant à la demande les photos de lui qu'on trouvait un peu partout, par exemple. Il l'encourageait, mais de là à l'apprécier... toutes ces vieilles filles posant les yeux sur lui avant de s'endormir... cette perspective lui déplaisait sans doute souverainement. Normanby ne l'acceptait que pour imiter Hitler, qui pour sa part se délectait du culte qu'on lui vouait.
— Vous voulez autre chose Elvira ? me demanda Jack en souriant. Du bacon ? Des harengs ? Du porridge ?
— Un hareng, oui, avec plaisir. Mrs Maynard n'en veut pas chez elle. Et à Paris, vous n'allez pas me croire, mais c'est pire qu'en Suisse. Le petit déjeuner, c'est un croissant et un petit peu de confiture. Les croissants sont délicieux, je veux bien l'admettre, et la confiture aussi, mais ce n'est pas suffisant pour une jeune fille en pleine croissance.
- En parlant de bombes, général Nakajima, vous pensez vraiment que la bombe atomique permettra de maintenir la paix dans le monde ? Jusqu’ici, elle a surtout dévasté la Russie.
- Des régions entières de l’ex-URSS vont luire dans le noir pendant des centaines d’années, reconnut le général Nakajima. Mais maintenant que son effroyable puissance a été démontrée, plus personne d’aura besoin d’y recourir. La menace suffira. À l’avenir, personne ne sera assez bête pour déclarer la guerre à une nation qui dispose d’une telle arme, car ce serait risquer l’annihilation. Et bientôt, toutes les nations auront la bombe. Comme je vous l’ai dit, nous entrons dans une ère de paix absolue.
Et vous, Miss Royston, que pensez-vous du fascisme ?
— J’adore ! Je trouve cela terriblement excitant », répondis-je.
Mrs Maynard grimaça, puis échangea un regard entendu avec lady Bellingham. Ma logeuse estimait que le fascisme était une très bonne chose en soi, fort utile pour qu’ils restent à leur place, mais cette mouvance politique lui posait un problème : tout le monde — sauf eux, les Juifs — pouvait y adhérer. Mrs Maynard la considérait donc avec un vague mépris, comme tout ce qui n’était « pas tout à fait… ».
- En parlant de bombes, général Nakajima, vous pensez vraiment que la bombe atomique permettra de maintenir la paix dans le monde ? Jusqu’ici, elle a surtout dévasté la Russie.
- Des régions entières de l’ex-URSS vont luire dans le noir pendant des centaines d’années, reconnut le général Nakajima. Mais maintenant que son effroyable puissance a été démontrée, plus personne d’aura besoin d’y recourir. La menace suffira. À l’avenir, personne ne sera assez bête pour déclarer la guerre à une nation qui dispose d’une telle arme