Citations sur La confrérie de la dague noire, tome 3 : L'amant furieux (66)
La douleur s'insinua dans son cœur, venant renforcer l'amour qu'il éprouvait pour elle.
Si un outil pouvait extirper un cri d'une gorge, ils l'avaient.
Fhurie jeta un coup d'œil à John en pensant que, parfois, certains accidents mortels en voiture n'étaient évités que d'un cheveux.
La vie pouvait parfois basculer sur un rien. En l'espace d'une nanoseconde. Ou d'un coup frappé à la porte.
Voilà qui avait de quoi vous donner la foi. Pour de bon.
Fhurie ne répondit rien. Z. jeta donc un nouveau coup d'œil, à l'instant même où une larme dégoulina le long de la joue de son frère.
- Oh... merde, marmonna Z.
- Ouais. Comme tu dis.
Une autre larme s'écoula de l'œil de Fhurie.
- Putain... J'ai des fuites.
- Bon , j'espère que t'es prêt.
Fhurie s'essuya le visage avec ses paumes.
- Prêt pour ?
- Parce... je crois que je vais essayer de te prendre dans mes bras.
Les mains de Fhurie retombèrent, inertes, et son visage adopta une expression des plus ridicules.
Se faisant l'effet d'un crétin fini, Z. s'approcha de son frère.
Alors qu'elle ouvrait une fois de plus sa bouche en bouton de rose, à la perfection diabolique, il l'interrompit aussitôt.
- Non, je ne passerai pas te voir. Mais je pensais sincèrement ce que je t'ai dit. J'espère que... tu prendras bien soin de toi.
Et voilà, troisième fois qu'il annonçait cette petite phrase. Il fallait vraiment qu'il s'en aille avant de la seriner une quatrième fois.
Il parcourut rapidement les quelques pas qui le séparaient de l'ascenseur. Lequel s'ouvrit miraculeusement à l'instant même où il appuya sur le bouton d'appel . Il entra dans la cabine tout en se gardant bien de croiser le regard de Marissa.
Tandis que les portes se refermaient, il crut l'entendre prononcer son nom une fois de plus . Mais c'était certainement son imagination qui lui jouait des tours. Car au fond, il aurait rêvé qu'elle...
Bon ta gueule, O'Noel. Tu l'as fermes et tu passes à autre chose.
Il quitta la clinique d'un pas tellement pressé qu'il courait presque.
O crispa les mains sur le volant, la peau au-dessus de ses jointures menaçant de rompre sous la pression. Il tenta de se calmer, mais sa colère était comme un pitbull retenu par une laisse en papier.
Une certitude absolue s'imposa alors à lui : si elle n'était pas encore morte, il la tuerait quand il la retrouverait. Il lui suffisait de la visualiser avec le membre de la Confrérie qui l'avait emportée pour que sa lucidité déraille complètement.
Mais O était coincé. Vivre sans elle serait effroyable et, même si l'idée de se lancer dans un raid suicidaire après sa mort était tentante, une telle manoeuvre le condamnerait simplement à l'Oméga pour l'éternité. Car, en définitive, les éradiqueurs retournaient auprès de leur maître en cas d'extinction.
Puis il eut soudain une idée. Il visualisa sa femme dans plusieurs années, avec une peau pâlie, des cheveux blonds et des yeux couleur de nuage. Une éradiqueuse, tout comme lui. La solution était parfaite. Son pied glissa de l'accélérateur et le pick-up finit par s'immobiliser au beau milieu de la route 22.
De cette façon, elle serait sienne pour toujours.
Il savait parfaitement qu'il en faisait trop, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il se comportait en mâle lié. Avec sa femelle enceinte. Difficile de trouver plus agressif ou dangereux sur la planète que cette combinaison. A part, peut-être les ouragans et les tornades.
- Personne risque de ne sauter dessus, ici. On est au beau milieu de nulle part.
- Si tu crois que je suis prêt à courir le moindre risque avec toi et mon enfant, tu te trompes lourdement.
- T'as mieux à faire que de prendre soin de moi.
- Non, pas en ce moment. Donne ta main.
- L'idée de te savoir effrayée et seule m'était insupportable. Que quelqu'un t'ait fait du mal. Je ne pouvais pas... le laisser passer.
Bella s'arrêta de respirer et jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule.
- J'ai pas dormi de ces six semaines, murmura-t-il. Tout ce que je voyais chaque fois que je fermais les yeux, c'était toi, hurlant à l'aide.