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04 décembre 2018
Aidez-nous par des pressions internationales, des sanctions, des actes de boycott

De la préface « Un prophète flamboyant » de Jean Ziegler, je souligne la place de l'« Etat colonial » comme préoccupation majeure de Michel Warschawski, la dénonciation de « la colonisation extérieure des territoires et des populations occupés depuis 1967 et celle, intérieure, des Arabes israéliens discriminés », l'affirmation du droit au retour des populations palestiniennes expulsées, les solutions théoriques qui dépendront des rapports de force… Mais contrairement à ce qu'écrit le préfacier, l'histoire ne saurait avoir de « sens ».

« Israël a célébré en 2018, son soixante-dixième anniversaire. Un an auparavant, c'était le jubilé de l'occupation de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et du Golan syrien.

Deux anniversaires qui méritent qu'on fasse le point, non seulement sur l'occupation coloniale, sa signification et ses implications locales et internationales, mais également sur le régime israélien lui-même et sur l'évolution de la société israélienne ». Sans idéaliser les phases antérieures de l'Etat d'Israël, Michel Warschawski souligne la nécessité de comprendre le changement actuel « en termes de régime politique et de dégénérescence morale de la société dans son ensemble », la non-irréversibilité des rapports humains, « Les humains font l'histoire et ils peuvent défaire ce qu'ils ont créé », la capacité du « peuple juif-israélien » à se ressaisir, l'écroulement – quelque fois rapide – de régimes que·certain·es considéraient comme inamovibles…

L'auteur revient sur le sionisme (ses objectifs et son modus operandi), son inscription dans la fin du XIXème siècle et le développement des mouvements nationalitaires « aspirant à l'émancipation nationale et à l'autodétermination », la colonisation comme moyen de réalisation, sa marginalité initiale, un « courant ultra-minoritaire dans les sociétés juives », le sionisme rejeté à la fois par les religieux et les socialistes, la nation juive yiddish, le Bund, puis… l'impact du nazisme et de la destruction des juifs et des juives d'Europe, l'éradication du Yiddisland et l'errance des populations juives, « L'arrivée de plusieurs centaines de milliers de rescapés, qui viennent en Palestine par défaut plus que par choix, va donner le dernier coup de pouce à la création de l'Etat d'Israël ». Aile religieuse du sionisme et mouvement « travailliste » israélien farouchement antireligieux, l'auteur parle d'« instrumentalisation réciproque », de « double prostitution » et analyse la réalité du « sionisme de gauche » dont la dimension socialiste est largement instrumentalisée par l'objectif national. Je souligne l'exemple de la Histadrout, organisme national juif et non organisation syndicale et caisse de santé de plus de 80% de la population. Les seuls partis « hors du cadre sioniste » étaient et sont les « partis arabes » et les groupuscules d'extrême-gauche. Dans le cadre des partis sionistes, il n'eut pas et il n'y a pas de « gauche digne de ce nom ». Comme l'indique Michel Warschawski, « le sionisme est la négation coloniale de l'indigène palestinien ».

L'auteur revient sur le mythe de l'« Etat juif et démocratique » – un oxymore, la signification d'« Etat juif », l'opposition intransigeante au retour des réfugié·es, l'Etat démocratique comme Etat de toustes les citoyen·nes… Il discute de la notion d'Apartheid et de la « parenthèse Yitzhak Rabin », des temps de la colonisation sioniste de la Palestine, du colonialisme d'expulsion, du colonialisme domestique, des réalités socio-économiques, de la montée et du déclin du « Mouvement de la paix », de l'« Union sacrée » et de sa fin…

Menahem Begin, « ancien tueur du groupe terroriste Stern », la chute du pouvoir travailliste, Benyamin Netanyahou, Ehoud Barak, l'installation de la droite au pouvoir, un nouveau régime, un « rééquilibrage entre Etat juif et Etat démocratique », la loi sur la Nation, les lois racistes et liberticides, la remise en cause des droits fondamentaux des citoyen·nes non-juifs/juives, le concept d'allégeance, la fascisation du régime, le plus de religion, la corruption endémique… Des analyses argumentées qu'il faut lire et faire connaître.

En conclusion, Michel Warschawski parle la nécessité de mettre fin à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, de l'égalité des droits « individuels et collectifs (nationaux) pour la minorité palestinienne d'Israël », du retour des refugié·es palestinien·nes, des liens entre la politique du gouvernement et des intérêts des populations juives à travers le monde – leur mise en danger -, des alliances avec des gouvernements antisémites, de l'importance de la campagne BDS, de l'intérêt pour les populations israéliennes de « sortir Israël de son état d'impunité »…

Il me semble plus que discutable d'employer des formules biologisantes pour des rapports sociaux, aucun code génétique ni adn ne déterminent des politiques…

Reste une question, que je pose maintenant à toustes les auteurs et autrices, pourquoi ne pas utiliser une écriture plus inclusive ? – le point médian, l'accord de proximité, les Juives et les Juifs, les Palestinien·nes, les Israélien·nes, les habitant·es, les acteurs et les actrices, pour rendre visibles les unes et les autres, les iels et toustes.

Un petit livre qui rend compte, en remontant aux sources juives du sionisme et de l'antisionisme, d'une catastrophe annoncée mais pas inévitable.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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