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Critique de Eric76


Londres en 1875. Margaret Prior est une vieille fille de bonne famille. La soeur ainée qui n'a jamais trouvé mari. À cause de l'amour qu'elle portait à son père, trop tôt disparu ; à cause de son refus obstiné à se plier aux convenances du monde corseté qui est le sien ; à cause de passions troubles, souterraines, qui deviendraient sacrilèges si on les mettait au grand jour.
Pour combler ses journées trop vides et fuir une famille qui la méprise, peut-être aussi pour voir des femmes encore plus malheureuses qu'elle, Margaret devient dame patronnesse à la prison de Millbank. C'est une gigantesque et sinistre bâtisse où l'on enferme la lie de la société victorienne : avorteuses, mères maquerelles, infanticides, tueuses de maris, fausses monnayeuses, voleuses à la tire… Et puis il y a Sélina.
Sélina : un médium à l'aura particulière, une tête d'ange martyrisée, une séductrice éthérée qui fascine. Margaret sait qu'il faut se méfier comme de la peste des spirits, cette bande d'escrocs à la petite semaine, de rusés compères et d'escamoteurs…
Mais pas Sélina ! Elle a le don, elle a le fluide. C'est une passeuse qui entretient des relations particulières avec le monde des morts.
Comment la fragile et naïve Margaret, pourrait-elle résister à l'incroyable force d'attraction de Sélina, à ne pas être prise dans les filets de cette envoûteuse ?
Commence alors, entre le monde des vivants et des morts, une passion échevelée, irrationnelle entre Sélina, ce papillon crépusculaire, et Margaret qui ne demande qu'à croire.
L'adoration de Margaret pour son ange enfermé entre quatre murs, pour sa « moitié éternelle », sa ferveur amoureuse qui la dévore, la rend totalement aveugle aux menées hypocrites et aux leurres.
Avec Sarah Waters, on sait à quoi s'attendre. le canevas est le même : la société Victorienne avec ses mensonges et ses raideurs, un amour qui n'ose pas dire son nom entre deux femmes, et Londres, bien sûr, avec ses misères, ses flamboyances, et cette brume épaisse qui fige les os. Malgré cela, on est toujours surpris à chacun de ses récits, et on finit par s'égarer dans les méandres des passions humaines. du grand art.
Des trois romans que j'ai lus d'elle, « Affinités » est probablement le plus sombre, le plus désespéré, car il s'achève sur un triomphe sournois, atroce, et particulièrement cruel.
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