L'enfant que personne n'aimait

Les vrais fils ne sont jamais trop grands pour se blottir contre leur maman.

Le changement chez Justin ne fut pas qu’émotionnel. Il connut une réelle transformation physique. C’était comme si on lui avait retiré un masque façonné d’une épaisse couche de soucis. Il semblait enfin apprendre à s’accepter et à s’approprier son passé douloureux.

C’était une chose d’être aux abois et de ne pas pouvoir gérer ses enfants, mais c’en était une autre de se débarrasser de la chair de sa chair juste parce que vous ne vouliez plus l’avoir dans vos pattes. Mais elle l’avait déjà fait une fois, alors pourquoi pas deux ? Et lorsqu’on a déjà commis quelque chose, même révoltant, on s’y habitue. La deuxième fois paraît déjà moins révoltante, et, peu à peu, en tout cas c’est ce qui semblait être le cas ici, elle avait fini, l’esprit brouillé par la drogue, par considérer les services sociaux et la prise en charge volontaire comme une simple sorte de garderie.

Malgré ce qui s’était passé, je savais qu’il pardonnerait tout à sa mère. Il suffisait qu’elle fasse un geste lui faisant croire qu’au fond, elle l’aimait et voulait de lui.

Tu dois prendre conscience que tout acte a des conséquences. Et tu dois réfléchir à ces conséquences avant d’agir, pas après.

Quand ça m’arrive, j’essaie de visualiser mon esprit comme une grande armoire, et toutes mes pensées confuses sont comme une pile de linge en désordre. Un peu comme le vrai linge dans ta chambre, que tu laisses traîner un peu partout. Ce qu’il faut faire avec ce linge, c’est le ranger. Il faut donc faire la même chose avec tes pensées. Tu les prends une par une – une horrible pensée après l’autre – et tu les secoues bien. Tu les défroisses, tu les regardes à la lumière du jour pour vérifier qu’il ne reste pas de plis, et là, tu peux les plier et les ranger. Enfouis-les bien au fond de ton armoire, mais proprement.

C’était si simple. Et si affligeant. Ça commence avec ce genre de petites choses et, en fin de compte, des vies entières sont détruites.

Les mauvais souvenirs étaient aussi importants que les bons, car le processus de s’approprier ces souvenirs refoulés était indispensable à son bien-être émotionnel.

Le changement est aussi bénéfique que le repos.

On aurait dit un petit animal blessé qui ne souhaitait rien d’autre que de fuir le monde à jamais, de s’endormir pour ne jamais se réveiller.