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Critique de BazaR


J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de Peter Watts, cet auteur canadien dystopique et hard SF, à propos de son recueil Au-delà du gouffre. Ce n'est pas le dossier de ce Bifrost qui va me faire changer d'avis.

En dehors d'un petit essai déjà présenté dans le ci-dessus recueil – dont je retiendrai surtout ses démêlées avec la police étasunienne qui en ont fait une persona non grata au pays de la bannière étoilée – le dossier contient une très longue interview de Watts menée de main de maitre par Erwann Perchoc (un type très sympa que vous aurez l'occasion de croiser sur le stand du bélial' dans les salons divers et variés) qui nous apprend un tas de choses. La première, qui a probablement un lien avec sa vision assez funeste de l'avenir, concerne son enfance passée avec un père pasteur baptiste et une mère qui battait son père. Je vous passe les détails, c'est plutôt flippant. Très pessimiste quant au dérèglement climatique, Peter Watts voue aux gémonies les riches et puissants de tout poil qui ont déjà tiré un trait sur la planète et la civilisation telles que nous les connaissons et, pour certains, recherchent le moyen de rester au sommet de la chaine alimentaire quand tout le merdier se sera écroulé. Moitié en rigolant, il n'hésite pas à dire que les États-Unis ne se gêneront pas pour « propager la démocratie » au Canada pour s'emparer de ses réserves d'eau potable.
Bref, no future.

Et bien sûr, il parle de son oeuvre. Une oeuvre à l'opposé du pléthorique mais que je pense d'excellente qualité au vu du recueil. Cela a l'avantage de permettre à ce dossier une description exhaustive de l'oeuvre en question. Risque de spoil évidemment, mais risque de vous donner envie aussi.
On en a un exemple représentatif avec la novelette ZeroS, qui se situe dans le même univers que son roman Vision aveugle. On suit un commando de mercenaires techno-amplifiés dont la conscience, au moment de l'action, donne les rênes du corps à… une version zombie, ou à l'inconscient pourrait-on dire, multipliant par beaucoup l'efficacité et la force du travail d'équipe. Des cadors… jusqu'à ce qu'ils se trouvent face à ce que l'on pourrait appeler un embryon de ruche humaine (idée développée dans la nouvelle le Colonel, toujours dans le même univers, voir le fameux recueil). Message : la conscience n'est pas l'amélioration ultime de l'évolution, elle est plus néfaste, moins efficace qu'on a tendance à se laisser croire. Pour Watts, l'intelligence gagnerait en efficacité privée de conscience.
Le futur proche qui nous est présenté est affolant : techno et bio ont fusionné jusque dans le vocabulaire. La violence, la misère sont la norme dans un monde dérégulé climatiquement et législativement. L'aspect hard science qui irrigue les récits de Watts peut vous déplaire, auquel cas l'auteur n'est pas pour vous. Mais si l'on arrive à saisir, on savoure la musique et la rythmique que cela apporte au récit.

Ce récit est accompagné d'une nouvelle de Christian Léourier d'excellente facture. Appartenant au cycle de Lanmeur (je le tiens de l'auteur), elle nous montre une société humaine très dépendante de son environnement forestier, au-delà duquel c'est l'asphyxie assurée. Ces hommes et femmes vont imaginer un moyen de propager spatialement leur environnement, une tâche de longue haleine dans le style de celles auxquelles Lanmeur nous a habitués.

Les rubriques habituelles sont présentes dans ce numéro bien sûr. Surtout la partie critique de bouquins qui se taille une bonne part et me laisse penser qu'on n'est pas loin de la surproduction. Petit clin d'oeil : notre ami dieu égyptien Apophis rejoint les rangs des auteurs de critiques.

Un excellent numéro pour un excellent auteur.
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