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Critique de encoredunoir


Deux ans et sept livres au compteur, les éditions Tusitala ont de toute évidence choisi de privilégier la qualité à la quantité. Et ainsi que l'on a pu s'en apercevoir avec les Mémoires d'un bison et La Révolte des Cafards, ça fonctionne plutôt bien. le voleur de voitures vient confirmer cette capacité de la jeune maison d'édition à dénicher de belles pépites inexplicablement passées entre les mailles du filet d'une édition française qui a pourtant la réputation de publier tout et n'importe quoi.
Voici donc l'histoire d'Alex Housman, seize ans, lycéen renfermé, adepte de l'école buissonnière et qui, dans sa ville des abords de Detroit, la Motor City encore vivante en ce début des années 1970, aime à passer ses journées à rouler dans les voitures qu'il vole. Avec quatorze véhicules au compteur Alex finit cependant par éveiller l'attention de la police locale et, comme de bien entendu, par se faire pincer. L'engrenage est lancé. Maison de redressement. Tentatives de rachat. Poids de l'étiquette de délinquant que l'on s'est vu coller… le tout sous le regard d'un père ouvrier sur une chaîne de construction de voitures, alcoolique, à la fois aimé, voire même admiré, et détesté.
Lorsqu'on lit ce premier roman, en partie autobiographique, de Theodore Weesner, les comparaisons viennent très vite. On pense, Amérique des années 1970 oblige, à certaines parties des récits d'Edward Bunker et en particulier de son autobiographie, L'éducation d'un malfrat. Surtout, on retrouve chez Alex, le même ennui, la même peur du vide et la même volonté souvent maladroite de bien faire de l'Antoine Doinel des Quatre Cents Coups. le tour de force de Weesner, dans le voleur de voitures, c'est la façon dont il fait ressentir la détresse d'un personnage inconscient de la porter : « Il conduisit lentement. Il tourna à des carrefours ici et là. Il n'avait aucune intention d'aller nulle part et il n'en était pas conscient. » Pas plus qu'il ne l'est de sa pourtant évidente envie de se faire arrêter. Au moins pour que les choses bougent.
Dans les pas d'Alex, à travers ses yeux, on (re)découvre toute la difficulté que peut représenter cette période ou l'on sort de l'enfance pour entrer dans l'âge adulte. Sans pathos et sans non plus adopter un ton trop distancié, Weesner trouve une juste mesure et offre de bien beaux et émouvants moments dans ce mélancolique récit d'apprentissage : la splendide révélation de la magie de la lecture, l'éveil maladroit de la sexualité, la difficile recherche d'une place dans une société que l'on comprend mal et dans laquelle on cherche autant à s'intégrer qu'on la fuit.
Tout cela fait du Voleur de voitures un roman noir à sa façon et pourtant lumineux.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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